Dans la matinée [pv]

Lorsque le soleil illumina la chambre de Lou, on pu entendre un soupir envahir l’air alors qu’une masse bougeait dans un lit aux draps défaits. Un bras vint se poser sur les yeux de Lou pour lui cacher la lumière qui traversait des rideaux, mais il abandonna et difficilement, il se leva, poussa les draps au pied du lit, il s’assit sur le bord alors que ses yeux fixèrent le mur blanc en face de lui. Tournant son visage vers le réveil, il soupira de nouveau, il était extrêmement tôt. Bon, il était plutôt content, comme ça, il allait pouvoir prendre sa douche tranquillement. Lou n’aimait pas se mettre nu devant les autres, avant, il n’était pas vraiment pudique, mais maintenant, ce n’était plus pareille, il lui manquait un bras, sa cuisse avait une immense cicatrice et ses côtes aussi, alors, il se cachait, il aimait mieux. Se levant doucement pour ne pas réveiller son colocataire, il alla à son armoire ou il prit des vêtements et ses affaires de toilettes, sortant, il parcourut les couloirs vide et silencieux pour finalement entrer dans les vestiaires des douches. Enlevant son pyjama, il passa une serviette autour de sa taille et posa ses affaires dans un casier avant d’aller à la douche ou il se lava tranquillement, profitant de se petit moment matinale, calme et silencieux. Lorsqu’il eut finit, il retourna aux vestiaires ou il s’habilla rapidement pour finalement remonter dans sa chambre ou il rangea ses affaires pour finalement s’allonger sur son lit, son bras gauche se posant sur ses yeux.

Quelques minutes passèrent puis finalement, il décida de bouger, il en avait marre de rester là. Sortant, il déambula tranquillement dans les couloirs pour finalement s’arrêter devant le petit théâtre, hésitant, il poussa la porte de son bras gauche. Il mit un pied puis deux. Regardant autour de lui, il soupira, il n’y avait personne, enfin, normale vu l’heure matinale. Marchant doucement entre les sièges, il monta sur scène et posa ses yeux sur le piano. Des yeux qui commencèrent à s’emplirent de larmes. Pourquoi ? Par ce que le piano était toute sa vie, il avait un don, il était doué, mais aussi par ce qu’il aimait la musique, mais…malheureusement tout ne fut pas décidé ainsi, on le priva de la musique. Comment ? En lui amputant le bras droit. Comment jouer si on n’à plus qu’un bras ?

Avançant doucement tournant le dos à la porte, il s’assit devant le piano et fermant les yeux, il respira un grand coup. Il l’ouvrit, les touches d’une magnifique blancheur se montrèrent. Sa main gauche se posa sur les touches et alors quelques notes raisonnèrent dans le théâtre. Il commença à jouer. Tournant le dos, il ne pouvait pas voir si quelqu’un entrait dans la salle, mais il s’en fichait, lorsqu’il jouait, il oubliait tout. Bien-sûr, sa musique n’était plus aussi bonne qu’avant. Il ne jouait plus qu’avec une main.

La porte s’entrouvrit, Lou ne l’entendit pas. Mais, lorsqu’il s’arrêta, il regarda le piano et, son poing tomba violement sur les touches alors qu’il criait. Un son sourd et horrible retentit dans la pièce. Il était en colère, en colère qu’on lui fasse subir ça, pourquoi lui avoir amputé le bras, pourquoi. Il posa son visage contre le piano, son regard fixant le vide, ne faisant attention à rien.

Adrian Adamus avait passé une bonne nuit, et aucun réveil nocturne ne l'avait dérangé. Il état rasé de frais, et avait adossé une veste noire neuve. Il marchait d'un pas vif, se dirigea vers la cafétéria. Il rêvait à la tarte au pêche, que le chef cuisinier faisait tous les samedi. La pâte sablée se mariait parfaitement avec la crème aux oeufs et les pêches fraîches. Une part -ou deux- lui conviendrait avec un bon café au lait. Il en salivait déjà, et dans ses rêveries, il ne se rendit pas compte que la mélodie qu'il entendait n'était pas dans sa tête. Cette musique filtrait à travers une grande porte.

D'une main il poussa, de l'autre il tint le battant de la porte. Ainsi posté, il admira le pianiste qui semblait avoir beaucoup de talent. Pourtant, l'oreille musicale du psychiatre reconnu quelques faux temps, comme s'il ne parvenait à tenir le rythme. Puis, il vit qu'une main parcourait les touches bicolores. Comme dans un songe, il entra dans la pièce, et découvrit un théâtre d'une taille au-dessous de la normale. Seulement quelques fauteuils devant des planches, et sur celles-ci des intruments qui occupaient tout l'espace. Le trentenaire monta grâce à une volée de marches en bois dissimulées au public par le rideau. il arriva donc du côté gauche du piano.

Niché sur le haut tabouret, un corps gracile se balançait dans une cadence particulière, son bras survolant les touches. Adrian se demanda un instant si tant de beauté venait de l'être installé devant l'instrument. N'était-ce pas un effet d'optique ? Il s'avança encore pour confirmer son impression, mais il fut saisit de voir que c'était un très jeune homme qui jouait. Son buste était si fin que Adrian aurait pu l'entourer avec un seul de ses bras. Quelque chose n'allait pas pourtant, et toujours caché derrière le rideau, il vit qu'une seule main caressait les touches.

Il n'entendit pas ni ne vit l'homme qui était entré dans le théâtre. Il était bien trop absorbé par les touches du piano. Touche qu'il parcourait de sa main gauche, laissant une douce mélodie voler dans la pièce. Mais, plus les minutes passaient et plus il avait du mal. Il ne jouait plus aussi bien qu'avant il...il avait tout perdu. Et pourtant, il continua à jouer encore pendant un moment, ne voyant pas cet homme qui le regardait caché derrière le rideau. On pouvait même dire que Lou était dans son monde et malheureusement, ce n'était pas un monde très rose.

Au bout de longues minutes, il arrêta, sa main cessa de bouger pour jouer et elle retomba mollement le long de son corps. Son visage fixait les touches et alors, se croyant seul, quelques larmes perlèrent le long de ses joues. Des larmes qu'il essuya directement de son bras gauche. Il ne voulait pas pleurer, non, il ne le voulait pas. Fermant les yeux, il laissa sa tête tomber sur le piano, faisant raisonner les touches dans un son brusque et insupportable. Ses yeux se posèrent tout autour de lui et alors, il le vit, cet homme caché derrière le rideau. Il le regarda pendant un long moment avant de ce relevé.

Ne se posant pas de question, n'ouvrant pas sa bouche, il se tourna, évitant l'homme, il prit la direction de la sortie. Laissant à cet homme la vue de son dos. De son bras gauche qui était le long de son corps, mais aussi, la vue de ce bras droit qui n'existait pas. Pour seul bras, il avait cette manche volante, molle et vide. Mais, alors qu'il appuyait sur la poignée de la porte, il n'eut pas envie de sortir, il voulait rester avec le piano. Cet instrument qu'il aimait tant. Qu'est-ce que ça pouvait lui faire qu'il y ait quelqu'un, il s'en fichait comme du reste de toute façon.

Faisant demi-tour, il retourna s'asseoir devant le piano, oubliant la présence de l'homme. Son regard se posa sur les touches et sa main se reposa sur celles-ci. Puis finalement, il se tourna en souriant à l'homme.

- "Bonjour."

Un autre sourire puis il se retourna face au piano. Ses doigts appuyèrent sur les touches et doucement, la mélodie recommença à raisonner dans la pièce, une douce et triste mélodie, peut être la seule chose qui montrait à quel point il pouvait souffrir. Oui, peut être. Ses doigts bougeaient doucement et délicatement sur les touches blanches de pureté et sur les touches noires ébènes. Malheureusement, les fausse notes, le mauvais tempo envahissait cette douce mélodie, sans la rendre moche non, les fausses notes étaient pas assez présentes pour rendre la mélodie inécoutable, mais...lorsque Lou faisait une fausse note, lorsqu'il se loupait, il sentait son cœur se serrer à un tel point qu'il avait encore plus mal. Il ne supportait pas ce qu'il était devenu, et, il n'arrivait pas à pardonner.

Il cessa de jouer et se retourna vers l'homme qu'il regarda un moment. Ce n'était pas un pensionnaire, ça, il en était sûr, mais que faisait-il, il ne savait pas vraiment pour dire vrai, mais bon, il s'en fichait pour dire la vérité. Il sourit de nouveau.

- "Vous savez jouer ?"

C'était peut-être une question banale, mais Lou n'aimait pas faire durer le silence lorsqu'il y avait des gens alors il se contentait de se cacher et souriait tout en faisant croire qu'il allait parfaitement bien. Mais, son corps montrait le contraire, ce corps si maigre qu'était le siens montrait même énormément son mal être.

Lorsque le jeune garçon le vit, Adrian ne put faire un geste. Il resta immobile, derrière son rideau, sans raison précise. Il n'eut pas besoin de rappeler l'inconnu, puisque celui-ci revint vers le piano et le salua même. Et avant que le psychiatre n'ait pu lui répondre, il se remit à jouer. Seule, la question directe du garçn put le rendre au temps présent, il répondit donc :

"Non. Je ne connais que quelques airs de musique classique, et je ne joue que lorsque je suis seul."

Pendant qu'il disait cela, il s'était approché doucement. Sans même s'en rendre compte, il était à côté de Anon-Lou. Son visage était éclairé d'un sourire légèrement faux, et Adrian devina que ce visage avait souvent cette expression. Des larmes séchaient encore sur ces joues. De plus près, Adrian vit que le corps du garçonnet était loin d'être en bonne forme. Ses épaules saillaient de son pull-over, et ses poignets étaient si maigres que son index pourrait presque en faire le tour.

Naturellement, il prit place à droite du petit pianiste. Bien que le tabouret e fut pas très large, Adrian avait assez de place puor s'installer confortablement. D'une voix qui lui sembla venir d'ailleurs, il demanda :

"Connais-tu cette sonate de Beethoven ?" Ne sachant pas le nom exact du morceau, il joua quelques notes. Anon-Lou lui répondit positivement, Adrian continua donc : "Jouons ensemble."

Il ne dut ni donner le tempo, ni regarder la main gauche, pour commencer à jouer. Dans le même élan, les deux hommes se mirent à tapoter les touches en rythme, puis frappant plus fort les blanches, la musique s'éleva dans la salle. Adrian ne sentait plus que les vibrations du son, et la présence fugace de ce petit corps près de lui. Le sentiment d'affection qu'il ressentit se fit plus pressant, et il sut que ce jeune garçon était plus proche de lui que beaucoup d'autres personnes qu'il connaissait. Sans rien savoir de lui, sans rien faire de particulier, ils communiaient grâce à la musique.