Un autre tête-à-tête [Hot]

Marcus s’était couché sur son lit, roulé en boule, serrant un oreiller contre lui. Il n’avait pleuré quelques minutes, ayant à nouveau perdu connaissance. A présent qu’il s’était réveillé, il était plus calme, mais pas moins triste. En plus, pour ne rien arranger, sa tête lui tournait affreusement et il avait mal au crâne. Pourquoi est-ce qu’Adrian lui faisait ça ? S’il l’aimait beaucoup, pourquoi est-ce qu’il lui faisait ça ? Et s’ils ne pouvaient pas avoir ce genre de relations, pourquoi est-ce qu’il l’avait embrassé comme ça ? Si le psychiatre ne l’avait pas embrassé, il ne se serait peut-être jamais rendu compte qu’il tenait à lui à ce point-là ! Se redressant légèrement quand on frappa à la porte, il se demanda qui ça pouvait être, vu que Tomasz ne prendrait pas la peine de frapper, puisque c’était sa chambre aussi.

-Oui ?

Se retrouvant face à Adrian, l’adolescent s’assit difficilement, détournant la tête. L’écoutant, il serra les dents, fermant les yeux. Pourquoi il revenait là-dessus ?! Blessé, il le regarda enfin pour le foudroyer du regard, marmonnant qu’alors il n’aurait pas dû l’embrasser. Sauf que quand il se retrouva contre son aîné, il perdit toute sa hargne, se retrouvant à nouveau au bord des larmes.

-Pourquoi je voudrais pas de vous ? Je… Si… Si j’avais pas voulu que vous m’embrassiez… Je me serais pas laissé faire… Mais si vous pouviez me lâcher… Je me sens pas bien, j’aimerais me rallonger…

Souffla Marcus, qui craignait de s’évanouir une troisième fois.

Marcus rassura Adrian avec ses paroles, il ne le détestait pas, et avait apparemment agi consciemment. Il ressentit une bouffée de chaleur qui lui colora les joues d'un léger rose. Il comprit que Marcus se sentait réellement mal, et il le laissa s'allonger de nouveau. Le jeune homme tremblait légèrement, et son teint était si pâle que ses cernes paraissaient encore plus violets. Adrian lui toucha le front, comme pour mesurer sa température, relevant par la même les mèches qui lui tombaient dans les yeux.

Il se décala pour être plus proche de lui, et déposa un doux baiser sur les lèvres entrouvertes du jeune homme. Il lui caressa les cheveux pendant un long moment, tentant ainsi de le rassurer. Il lui parla presque à voix basse, penché sur lui, tout près de son visage.

"Ne t'inquiètes pas Marcus, je vais prendre soin de toi. Mais, dis-moi, tu n'a pas mangé depuis combien de temps ?"Adrian n'attendait pas de réponse, mais réfléchit et découvrit qu'il n'avait pas mangé depuis au moins deux jours. "Je vais te laisser un instant, juste le temps d'aller te chercher quelque chose à manger." Il l'embrassa à nouveau. Son baiser fut lent et tendre. Quand il vit Marcus si fragile, il ne put retenir un "je t'aime" chuchoté. Puis il sortit de la chambre, bien qu'il ne put s'empêcher de se retourner une dernière fois sur le corps presque inerte de Marcus.

Dans les couloirs, Adrian marchait si vite qu'il n'était pas long de courir. Entré dans le réfectoire, il se dirigea immédiatement dans les cuisines, et saluant le personnel, il se servit comme à son habitude. Il emporta dans une poche plastique un yaourt, quelques biscuits, du chocolat, un morceau de pain encore chaud, et une bouteille d'eau avec un verre en plastique. Il espérait pouvoir nourrir son patient avec ses aliments plutôt facile à manger, et attiser son appétit avec le chocolat et l'odeur du pain frais. Puis il repartit aussi vite qu'il était venu.

Il ne s'était absenté que quelques minutes et Marcus n'avait pas bougé. Adrian déplaça la table de chevet pour y mettre ce qu'il avait apporté. Il lui dit calmement mais fermement :

"Il faut que tu manges Marcus ! Que préfères-tu ? Un yaourt, du pain, des biscuits ? J'ai même ramené du chocolat..."

-Combien de temps ? Euh… Je sais plus…

Fit Marcus, avec une petite moue gênée. Ca devait faire deux ou trois jours, quelque chose comme ça. Soupirant quand Adrian lui dit qu’il allait chercher quelque chose à manger, il se laissa embrasser, les yeux mi-clos. Souriant à la déclaration du psychiatre, il lui adressa un petit signe de la main quand il se retourna avant de sortir de la pièce. Ah ! Pitié ! Pourquoi voulait-il absolument le faire manger ? Bon, certes, il avait faim, mais tout de même ! Enfin… Il valait peut-être mieux qu’il mange un peu, quand même… Ca faisait deux fois qu’il tombait dans les pommes… Allez, il mangerait un peu. Sinon Adrian allait se fâcher sur lui et il n’en avait aucune envie. Se rasseyant quand son amour revint, il s’appuya contre le mur, faisant visiblement la moue quand il déballa tout ce qu’il avait rapporté.

-Euh… Je sais pas… J’aime pas trop manger…

Soupirant, le jeune homme passa une main dans ses cheveux, avant de se pencher pour attraper le yaourt et la cuillère. Ca, au moins, ça ne faisait pas trop grossir. Visiblement très peu motivé, il le mangea néanmoins jusqu’au bout, avant de se tourner vers Adrian.

-Ca va ? Tu es content, maintenant ?

Demanda Marcus, avec un léger sourire. Jusqu’à ce que son ventre se mette à grogner. Ah non ! Il avait assez mangé pour le moment ! Pas question d’avaler quoique ce soit d’autre !

Marcus affirmait ne pas aimer manger, et le psychiatre se demanda quel était le rapport entre la prise de nourriture et son complexe d'infériorité. Il comprenait que ses phobies soient nombreuses, surtout que son frère lui avait fait croire n'importe quoi sur à peu près n'importe quoi. Il se retint de répliquer qu'il fallait manger pour vivre, mais il préféra se taire pour le moment. Il n'osait même plus penser à Marcus comme à un de ses patients.

Adrian était content qu'il veuille manger le yaourt, mais il vit bien à sa moue qu'il n'était pas décidé à prendre autre chose. Quand il le tutoya, Adrian leva un sourcil, puis lui sourit. Il se décida à ruser gentillement. Il prit la tablette de chocolat, et retira le papier qui le recouvrait. Il croqua un carré, puis avec un sourire dit à Marcus :

"Tu devrais goûter ! J'adore le chocolat au lait !" Mais le jeune homme ne voulait rien savoir, et refusa d'un signe de tête.

Adrian vint alors s'asseoir à côté de lui, dos au mur. Reprenant un carré de chocolat, il passa tout naturellement un bras autour de ses épaules, et sans plus réfléchir à ce qu'il allait faire, il se pencha sur Marcus et l'embrassa. Le chocolat avait à peine fondu dans sa bouche qu'il dégusta les lèvres de Marcus comme celui-ci le faisait avec le chocolat. Il cassa un nouveau morceau, le coinça entre ses incisives et le donna au jeune homme. Pendant que Marcus avalait le chocolat, Adrian déposa de doux baisers dans son cou, goûtant sa peau, caressant sa nuque.

Sentant le désir montait en lui, il fit glisser Marcus sur le dos, caressant sa peau sous son t-shirt, pesant de tout son poids sur ce corps si désirable pour lui. Ses baisers et ses caresses se faisaient plus passionnés. Il lui murmura à l'oreille :

"Pardon... Je te voudrais à moi. Rien qu'à moi. Je t'aime Marcus. Je ne peux pas m'arrêter... Si tu ne veux pas de moi, dis-le... Je t'aime Marcus." Son souffle brûlant arrivait dans le creux de l'oreille du jeune homme. Adrian l'embrassait partout, le visage et le cou de Marcus étaient assaillis de baisers. Il relevait le t-shirt de plus en plus, et finit par le lui enlever. Ce corps à moitié nu l'appelait, il embrassa le torse de Marcus. Il glissa sa jambe droite entre celles de Marcus, puis se pressa contre lui, l'entourant de ses bras. Il ne pouvait aller plus loin, il le savait, mais son corps appelait au contact charnel.

Se retrouvant allongé sur le dos après un baiser quelque peu chocolaté, Marcus cligna des yeux, cherchant à comprendre. Frissonnant violemment sous les mains d’Adrian le caressant sous son t-shirt, il comprit soudainement l’urgence de la situation quand il le sentit se faire plus passionné. Ah non ! Il ne comptait pas coucher !

Frissonnant, les joues rouges et le souffle précipité, il voulut dire au psychiatre d’arrêter mais en fut incapable, comme pris d’un étourdissement. Sauf que quand il se retrouva sans son t-shirt, ce fut comme un signal d’alarme. Se redressant sur ses avant-bras, il trembla quand une jambe de son aîné se glissa entre les siennes, avant de pousser un petit gémissement quand il le sentit se presser contre lui.

-Que… Qu’est-ce que tu fous ?Je… Arrête ça ! Je… Je n’ai jamais… Enfin… Euh… Tu… Tu vois ?

Rougissant de plus en plus sous sa gêne grandissante, Marcus tenta faiblement de se dégager, sans trop de succès vu à quel point Adrian était pressé contre lui.

Adrian sentit tout de suite que le refus de Marcus était entier. Il s'était reculé, et n'était plus aussi pressé de l'embrasser. Dans son élan, Adrian embrassa à nouveau Marcus. Puis il ouvrit les yeux, et découvrit cette mine peu encline à continuer. Il roula sur le côté serrant contre lui le corps si chaud du jeune homme. Il ne se faisait plus avide de baisers, et se calma un peu. Il ne dit rien, continuant de câliner Marcus avec douceur, et jouant avec ses cheveux longs. Il s'amusa à départager la mèche teinte des cheveux naturels, mais n'y parvenant pas tout à fait, les ébouriffa dans un geste tendre.

"Désolé... Je m'emporte facilemement avec toi... Tu es si mignon...si beau !" Il pensait sincèrement ce qu'il disait, et espérait que Marcus le croirait.

Il le serra contre lui, déposant de petits baisers sur ses joues et son nez. Il le lui répéta encore une fois : "Tu es trop mignon !", puis se tut.

Allongé sur le côté, il le garda contre lui, se soulevant sur un coude. Le torse du jeune lui donnait envie de l'embrasser langoureusement, mais il s'y refusa. Le jeune homme prendrait cela pour une avance sexuelle. Adrian n'avait aucunement l'intention de lui faire l'amour, en tout cas, de la façon dont l'entendait le commun des mortels. Ce qu'il voulait pour Marcus c'était lui faire retrouver une vie normale, sans peur ni complexe. Il voulait son bonheur et ne se préoccupait pas de ce que les gens penseraient s'ils apprenaient l'existence de leur relation. Son amour pour Marcus lui rappela ce qu'on appelait couramment un amour platonique.

Il réfléchit pendant un long moment. Pourquoi ce corps l'attirait tant ? Pourquoi Marcus ? Pourquoi aucun homme ne lui avait plu et ne lui plaisait actuellement s'il était homosexuel ? Pourquoi se sentait-il si bien auprès de lui ? Pourquoi ? Tant de "pourquoi" dont il ne connaissait pas la réponse.

Il caressait à présent lentement le dos du jeune homme, et lui demanda :

"Tu n'as pas froid ? Tu peux te blottir contre moi... Si tu veux ! Je te promets de ne pas te sauter dessus !" Il avait fini cette phrase avec un petit sourire, et déposa encore un baiser sur le nez un peu pointu de Marcus.

-Merci…

Murmura Marcus, rougissant comme une pivoine, quand Adrian lui dit pour la seconde fois qu’il le trouvait mignon. Il n’avait pas trop l’habitude des compliments, ça faisait vraiment bizarre. D’habitude, quand on lui faisait des remarques sur son apparence, c’était son frère qui lui disait qu’il était trop gros. Tranquillement allongé auprès d’Adrian, il se reposait tranquillement, même s’il lui en voulait un peu de lui avoir fait une frayeur pareille. Ronronnant presque sous les caresses que recevait son dos, il rit doucement aux paroles du psychiatre, avant de parler à son tour.

-Dit… J’ai faim… Tu m’emmènes à la cafétéria ? Je sais même plus à quoi ça ressemble, un vrai repas équilibré…

Fit l’adolescent, avec un petit sourire gêné. Après quoi il se leva et, fouillant dans son armoire, se changea sous les yeux de son aîné. Revêtant un slim et un t-shirt beige à longues manches bien trop grand pour lui, il passa ensuite près de dix minutes à se coiffer, finissant par mettre un peu de laque pour les maintenir en place.

-Enfin… Ca te dérange pas ? Tu n’as rien à faire ? Ou tu préfères te reposer ?

Demanda soudainement Marcus, se tournant vers Adrian. Après tout, il pouvait tout aussi bien attendre que Tomasz revienne pour lui demander, si jamais son amour avait autre chose à faire.

La proposition venant de Marcus l'étonna, il eut d'abord une expression de surprise doutant presque de ce qu'il venait d'entendre, puis sourit largement au jeune homme. Adrian aurait cru qu'il était plus pudique que cela, et le strip-tease sage qu'il lui offrit aiguisa ses sens. Il regarda Marcus se déshabiller, voyant sa maigreur. Ses vêtements cachés ce corps, ces jambes fines, ses hanches qui dépassaissent un peu trop, les vertèbres qui roulaient sous sa peau quand il se penchait, même sa taille semblait celle d'une jeune fille. Pourtant cette extrême minceur ne put rebuter le désir d'Adrian. Il admira alors avec quelle ténacité il lissait ses cheveux, et mettre en place sa coiffure avec de la laque.

Quand le jeune homme eut fini et lui demanda ce qu'il préférait, il se leva et alla l'enlacer. Il se colla tout contre lui, dans son dos, ses bras entourant son torse, il déposa quelques baisers dans son cou. Et il lui murmura dans un souffle :

"Je viens avec toi. Je veux te voir manger un peu !"

Il le retourna dans ses bras, l'embrassa tendrement, dans un long baiser passionné, et le prévint :

"Je préfères qu'on soit discrets. Pour le moment du moins." Adrian espéra que Marcus ne prendrait pas ça pour un refus d'être reconnu, mais bien comme une façon d'être prudents face aux dangers qu'ils encouraient en ayant une relation. Il ouvrit la porte de la chambre, et jetant un coup d'oeil dans le couloir il fit signe à Marcus, qu'il était vide.