Marcus Von Guttenberg [Pv Adrian <3]

Tout ça, c'était la faute de Ragsiel. Ca ne pouvait être que ça, et Marcus ne voulait de toute façon pas que ça soie de la faute de quelqu'un d'autre. Plutôt que d'essayer de l'aider, il avait passé son temps à l'engueuler et avait fait baisser son moral de façon incroyable. Même l'adorable Tomasz n'avait rien pu y faire. D'ailleurs, il faudrait qu'il lui donne de ses nouvelles. Parce que ça faisait deux jours qu'il fuyait son colocataire et, en général, toute présence humaine. Bon, ça, il voulait bien le reconnaître, ce n'était pas de la faute de Ragsiel mais celle de Ralf. Eh oui, même loin de lui il parvenait encore à lui faire du mal.

Voilà deux jours maintenant, Marcus avait reçu un colis contenant quelques effets qu'il aurait soit-disant oubliés. Dedans, une nouvelle écharpe bleue, une bouteille du parfum que son frère portait tout le temps et une lettre. Avec quelques mots qui avaient tout chamboulé chez le jeune homme. "Pour mon petit frère chéri, ne m'oublie pas.". Jusqu'à présent persuadé qu'il haïssait son frère, il n'avait pourtant pas pu s'empêcher d'ouvrir la bouteille de parfum et d'y coller son nez en se mettant à sangloter. Au fond, il lui manquait affreusement. Choqué par cette idée, remettant tous ses sentiments en question, Marcus avait écrit quelques mots à l'intention de son colocataire et s'était caché, avec sa nouvelle écharpe sur laquelle il avait mit du parfum. Quand Ragsiel l'avait retrouvé, il avait les mains en sang, les yeux et les joues rougis par les larmes et il avait dû perdre pas loin d'un kilo. Cela faisait juste quatre jours qu'il n'avait absolument plus rien avalé. Tiré jusque chez M. Adamus, le jeune homme avait donc frappé à la porte et était entré quand on lui en avait donné l'autorisation.

-Bonjour...

Souffla l'adolescent, refermant la porte derrière lui, arrangeant un peu son t-shirt rose pâle tout chiffonné et son jeans large qui n'était guère mieux. Passant une main nerveuse dans ses cheveux, il joua un peu avec son piercing avant de se reprendre, levant les yeux sur le psychiatre, ne sachant pas quoi faire et se sentant un peu idiot à rester planter comme ça, au beau milieu de la pièce, avec son écharpe alors qu'il ne faisait même pas froid. Prenant soudainement conscience du nombre presque effrayant de bandages qu'il avait sur ses mains, il les cacha dans son dos, tordant un bout de son t-shirt. Sans savoir pourquoi, il était affreusement nerveux.

Adrian n'avait pas prévu de recevoir le jeune Marcus Von Guttenberg, mais son comportement avait précipité les choses. L'infirmier, Mr Lockheart, le lui avait amené quasiment de force. Même si Adrian n'aimait pas ce genre de pratique, il se voyait souvent forcé d'agir ainsi. Ses patients souvent dépressifs ne lui faisaient pas de cadeaux, et espéraient pouvoir éviter les séances. Or, ces jeunes gens devaient être soignés, pris en main et aidés à sortir de la spirale infernale qu'était la maladie. Il le recevait tout de même avec beaucoup de curiosité. Bien sûr Ragsiel lui avait parlé brèvement de son attitude, mais rien ne valait un entretien face à face, pour mieux connaître son patient.

Au premier regard, Adrian prit en affection ce jeune homme à l'allure particulière. Il remarqua ses vêtements défraîchis, les bandelettes qui recouvraient ses mains, mais aussi son air timide. La nervosité émanait de lui, comme par voluptes. Il remarqua discrètement que ses doigts ne cessaient de s'agiter, et que pour le moment, il prenait en otage son T-shirt.

"Bonjour, Marcus. Je suis le docteur Adrian Adamus. Je t'en prie, assieds-toi." répondant à son salut, et lui désignant un siège de l'autre côté de son bureau. Il s'installa à son tour, et croisant les doigts au dessous de son menton, reprit d'une voix douce et apaisante : "Bien. Comme tu le sais sûrement je suis tenu par le secret professionnel. Sens-toi donc libre de t'exprimer sans retenue. Est-ce que tu as quelque chose à dire avant que nous commencions ?" Son regard était bienveillant, et un léger sourire s'était accroché à ses lèvres. Adrian ne faisait rien pour agir de la sorte, c'était naturel, rien n'était feint.

Franchement intimidé et toujours affreusement nerveux, Marcus alla néanmoins s'asseoir quand Adrian lui désigna un siège prévu à cet effet, juste en face de lui. Bon, le bureau était agréable, c'était déjà ça. Et l'homme en face de lui avait l'air plutôt gentil, même si ça ne voulait pas forcément dire qu'il l'était. Prenez Ragsiel, par exemple! Marcus avait trouvé qu'il avait l'air absolument adorable alors qu'il passait son temps a lui crier dessus. En plus, les rares fois où il avait le malheur de lui demander une explication, il n'obtenait jamais de réponse. Jouant un peu avec son piercing, il hésita un instant a sa proposition de parler avant qu'ils ne commencent. Finissant par se lancer, il ne put s'empêcher de rougir un peu a l'idée de dire une chose pareille.

-Vous n'allez pas faire comme Ragsiel ? Il... Il disait qu'il allait m'aider mais il passait son temps à me disputer...

Sa voix se mettant a trembler sur la fin, le jeune homme baissa la tête et détourna les yeux, honteux d'avoir avoué une chose pareille. Portant discrètement une main à son ventre, il grimaça un peu. Il avait faim... Rien d'étonnant, avec Ragsiel qui l'obligeait à manger. Il n'avait plus assez l'habitude de jeûner... Se recoiffant, il se mordit la lèvre, ramenant une jambe contre lui, sans toutefois mettre le pied sur son siège. Il savait que c'était impoli.

-Il vous a parlé de moi, je suppose ? Il vous a dit qu'on avait compté huit phobies chez moi? Et soit-disant un trouble alimentaire...

Marcus avait parlé de ça tout à fait calmement, comme si ça lui était égal, même s'il avait l'air relativement triste maintenant qu'il s'était calmé. Mais pour ses phobies, il ne pouvait rien faire contre. Quant à son trouble alimentaire, ce n'était même pas vrai. Bon, il reconnaissait qu'il ne mangeait pas beaucoup, mais il fallait absolument qu'il perde du poids. Parcouru par un frisson et une boule se formant dans sa gorge, il remonta encore un peu son écharpe pour pouvoir y enfouir le nez, fermant un instant les yeux.

-Dites ? Ragsiel m'a donné des cachets, ça vous dérange pas si j'en prends un ? Je risque juste de somnoler peut-être un peu... Mais j'ai mes mains qui me lancent, alors...

Certes, il était gêné qu'il le voie avec tant de bandages, mais il était repéré, alors... Ca ne servait plus a rien d'essayer d'ignorer la douleur. Par contre, il était reconnaissant à Ragsiel d'avoir mit une double couche de bandages. Au moins, s'il saignait encore, ça ne risquait pas de percer!

Adrian avait pris l'habitude de rester calme et ouvert quand un de ses patients lui parlait. Il l'écouta donc paisiblement, mais eut tout de même un léger haussement de sourcils quand Marcus lui demanda s'il pouvait prendre ses pilules. En tant que médecin, il ne pouvait accepter cela, mais en tant que psychiatre il savait que priver son patient d'une prise de médicaments et de même le priver de sa confiance serait néfaste pour leur relation future. Ce qu'il voulait c'était aider le jeune homme, il lui dit alors :

"Je te fais confiance, prends-les. Par souci professionnel, je demanderais à Mr Lockheart c'est lui qui t'as prescrit ces médicaments. Il ne m'a rien dit sur tes phobies, il a seulement précisé qu'il voulait que tu viennes ici." Adrian ne demanda pas à Marcus d'expliquer les bandages qui entouraient ses mains. Bien évidemment, il le savait, mais ne voulait pas rendre le jeune homme plus nerveux qu'il l'était, et risquait ainsi d'empêcher tout dialogue.

Puis, il prit le dossier encore vierge du jeune Von Guttenberg. Comme à son habitude il commença par des questions anodines tant pour éviter un refus que pour remplir le document. "Nous allons commencer par le côté administratif. Veux-tu me dire ton nom, ton prénom, et ton âge. Si tu veux me préciser autre chose sur ta famille, ton séjour ici ou sur toute autre chose, tu peux le faire librement." Ces questions vagues avaient pour but de faire parler Marcus sans heurter sa sensibilité apparemment à fleur de peau. Il avait prit un stylo pour noter ce qu'il voudrait bien lui dire. Il était placé de telle façon qu'on ne pouvait lire ce qu'il inscrivait.

-Euh... Une prescription ? C'est juste des antis-douleur, vous savez... Et si je risque de somnoler, c'est juste une réaction a un des produits qu'ils mettent là-dedans...

Fit Marcus, étonné qu'il prenne de telles précautions pour un simple cachet. Ca allait encore mettre Ragsiel en rogne contre lui... Soupirant, il se résolut donc à ne rien prendre du tout, pour qu'Adrian n'aie pas besoin d'en parler à l'infirmier. Les joues rouges et le regard fuyant, il se demandait ce que l'homme attendait de lui. Qu'est-ce qu'il était censé faire pour pouvoir quitter ce bureau ? Parce qu'il doutait qu'il lui suffise de donner quelques renseignements sur lui...

- Von Guttenberg, en deux mots, avec deux "t"... Marcus... J'ai dix-sept ans... Pour ce qui est de ma famille, j'ai un grand frère et à ce que je sache, mes parents sont toujours mariés... Ils ont toujours préféré mon frère... C'est en partie à cause de ça que je suis ici...

Le jeune homme s'était efforcé de parler distinctement, mais il avait fait moins d'efforts une fois qu'il avait commencé avec le fait que ses parents préféraient son frère. Il n'aimait vraiment pas parler de ce genre de choses, mais si ça pouvait faire plaisir au psychiatre, après tout, pourquoi pas ?

-Mais vous attendez quoi de moi, au juste ? Que je vous raconte mon enfance en détail ? Je n'aime pas parler de moi...

Une fois de plus, Adrian laissa son patient s'exprimer autant qu'il le voulait. Sa main écrivait toute seule, sans qu'il eut besoin de la guider ou de regarder la feuille. Les notes qu'il prenait serviraient plus tard, après la séance, pour réfléchir au calme, et peut-être dresser un profil possible. Il fut à moitié surpris par son allusion à sa famille et à son enfance. Le psychiatre avait deviné un choc dans l'enfance, et ce grâce au jeune âge de Marcus. Mais la référence au préférence de ses parents, lui mit la puce à l'oreille.

"Tu ne dois rien me dire", il insista sur le verbe devoir, et continua sur un ton toujours aussi calme : "Tu n'es pas forcé de parler de toi, tu peux me parler de ce que tu veux ou même ne rien dire. Seul ton libre-arbitre compte."

Pendant que Marcus lui répondait, il sortit d'un de ses tiroirs des test triés dans une pochette cartonnée. Il avait l'intention de s'aider de ses planches pour faire parler Marcus de ses sentiments et ses peurs.

-Je suis pas obligé ?

Fit Marcus, visiblement très étonné. Il avait le droit de ne rien dire si ça lui chantait ? Il ne l'aurait jamais cru si Adrian ne le lui avait pas dit! Parce que Ragsiel, simple infirmier, avait essayé de l'y obliger, lui! Poussant un long soupir, il passa une main sur ses yeux, posant son menton contre son genou, réfléchissant à ce qu'il pourrait dire, quand il frôla ses lèvres par inadvertance. Rougissant violemment, il secoua la tête, tentant de se reprendre. D'une voix faible, il s'adressa au psychiatre, manquant de mourir de honte.

-Dites... ? Vous... Vous croyez que je peux me plaindre de quelqu'un à la direction ?

Plus rouge que jamais, le jeune homme ramena sa deuxième jambe contre lui et les entoura de ses bras, cherchant à se cacher derrière son écharpe. Mon dieu! Pourquoi en avait-il parlé ?! Jouant nerveusement avec son piercing au point de se faire mal, il reprit ensuite la parole, bafouillant un peu.

-Je... On m'a... Fait quelque chose... Que je ne voulais pas...

Plus nerveux encore qu'au début, Marcus se recoiffa un peu, avant de se mordre le bout des doigts. Pas jusqu'au sang pour le moment, mais il ne devait pas en être très loin. Il avait une de ces envies de fuir d'ici! Il n'aurait jamais dut lui en parler!

Adrian prit la nouvelle avec autant de simplicité qu'il put. Qu'avait bien pu vivre Marcus pour demander une telle chose ? Il semblait totalement bouleverser, tout son corps exprimait un refus, pourtant il parlait d'un événement douloureux de sa vie personnelle. Ses mots étaient comme une délivrance et une pénitence à la fois. Adrian tenta donc de calmer le jeune homme :

"Marcus", il prit contact avec lui par le regard, et continua : "Marcus, ici tu es en sécurité, tu n'as aucune crainte à avoir. Je ferais tout pour te venir en aide. Calme-toi, et explique-moi la situation."

Adrian mit de côté pour un moment les test. Il laissa l'adolescent se mordre les doigts, mais il se sentit prêt de lui demander d'arrêter, espérant qu'il le ferait de lui-même. Ce psychiatre laissait toujours ses patients faire ce qu'ils avaient envie, sauf quand leur santé était en danger. Il leur laissait toujours une grande part de choix, les guidant vers le meilleur pour eux du mieux qu'il le pouvait.

Levant les yeux sur Adrian quand celui-ci l'appella, Marcus ne cessa de le regarder une fois qu'il eut fini de parler. Cessant de se mordre les doigts, il hocha légèrement la tête de haut en bas, lissant nerveusement une de ses mèches blondes. Le regard fixé sur ses chaussures, il cherchait ses mots et essayait de trouver le courage de s'exprimer. Il n'avait déjà pas si facile à parler de lui, alors sur un sujet si délicat...

-Je... Ragsiel, il... Il m'a... Embrassépendantquejedormais!

Prêt à mourir de honte, l'adolescent avait lâché la fin de sa phrase d'un seul coup, sans même prendre la peine de respirer. Plus rouge qu'une tomate et les joues suffisamment chaudes pour y faire cuire un oeuf, il émit un gémissement pitoyable avant d'enfouir son visage dans ses bras, cherchant à se cacher. Sauf qu'il lui restait un détail à préciser, sans quoi Adrian le prendrait vraiment pour un imbécile. Relevant donc momentanément la tête, il réussit à s'exprimer d'une voix un peu tremblante quoique compréhensible, avant de retrouver la position qu'il avait un peu plus tôt.

-C'était... Mon premier baiser...

N'osant plus relever la tête par peur de la réaction du psychiatre, Marcus attendait de l'entendre se moquer de lui pour partir. Comme ça, ça lui ferait une bonne raison de s'en aller au beau milieu de la consultation. Avec un peu de chance, il pourrait peut-être aller chercher un peu de réconfort en la présence de Tomasz...

Adrian saisissait le malaise de Marcus, mais n'ayant pas la capacité de lire dans son esprit, il ne sentit pas la culpabilité du jeune homme. Bien qu'il ne soit coupable en rien, il avait l'impression d'un échec. Son visage avait pris une teinte écarlate qu'il tenta de cacher derrière son écharpe. Ses jambes repliées, et la tête rentrée dans les épaules, tout chez lui semblait avoir envie de fuir, et ce devait sûrement être la réalité. Cette sensibilité à fleur de peau traduisait un mal être profond. Pourtant ce qui choqua le plus Adrian ce fut qu'un employé du centre, fut capable d'agir ainsi. De plus, Marcus n'était ni majeur, ni consentant. Ce n'était pas un viol, mais ça pourrait être considérer pour un tribunal, comme un attouchement sexuel. Alors, le psychiatre essaya d'en savoir plus :

"Si je comprends bien, Mr Lockheart Ragsiel, l'infirmier de cet établissement, t'a embrassé pendant ton sommeil... Je ne doute pas de tes dires, mais cette accusation est importante. Es-tu sûr de ce que tu avances ? Peux-tu me préciser dans quelque situation ça s'est produit ?"

Un autre, à la place de Marcus, aurait sûrement explosé et se serait mit à hurler que jamais il ne raconterait ce genre de choses si ça n'était pas vrai. Mais l'adolescent, lui, commença à se dire qu'au fond, c'était de sa faute. Peut-être que s'il ne s'était pas blottit contre Ragsiel pour dormir, celui-ci ne l'aurait pas embrassé. Mais il s'était sentit tellement bien, dans ses bras, peu après qu'il ai tué l'araignée! Et l'orage lui avait fait tellement peur...

-Je suis sûr... Je n'ai pas d'hallucinations... Mais laissez tomber... Oubliez ce que je vous ai dit, c'est de ma faute... En fait, il m'a embrassé deux fois... La première fois, j'étais à moitié endormi, j'ai pas réalisé... La deuxième, je dormais, ça m'a réveillé...

Souffla le jeune homme, toujours aussi rouge qu'au début, mais profondément malheureux. Après tout, il l'avait bien cherché. Il n'aurait jamais dû se laisser câliner par un inconnu. Ni ne rien dire au premier des deux baisers. Si seulement il avait été plus éveillé! Il se serait rendu compte de ce que Ragsiel avait fait et il l'aurait repoussé. Se rappelant tout ce que l'infirmier lui avait dit, les larmes lui montèrent aux yeux, et il se remit à parler juste au moment où il se mettait à pleurer.

-M... Mais il m'avait dit que... Qu'il me ferait... Jamais de mal! Et... Que je devais... Lui faire confiance! Je sais... Je sais que j'aurais pas dû... Mais c'était... La première fois... Que quelqu'un... Etait aussi gentil avec moi!

Ce n'était pas ce que Adrian avait d'abord pensé, ce baiser n'était pas anodin. Effectivement, Ragsiel semblait avoir embrassé par deux fois le jeune Marcus. Il prit un mouchoir en papier dans une boîte prévue à cet effet, fit le tour du bureau, lui tendit le mouchoir, et posa une main réconfortante sur l'épaule de Marcus. Il voulut dédramatiser l'événement pour commencer, et expliqua donc :

"Marcus, tu ne dois pas culpabiliser. Tu n'y es pour rien. Je vais m'occuper de cela avec le directeur. Si tu n'étais pas d'accord, ce baiser n'est pas le premier. Quand tu seras amoureux de quelqu'un et que tu embrasseras cette personne, tu sauras que ce baiser-ci sera ton véritable premier."

Puis se rappelant d'un détail, il se demanda : *Il dormait... ? Où est-ce que ça s'est passé ? Dans sa chambre ? Si c'est le cas, il faudra prévenir le directeur du centre.* Il le ferait de toute manière, après en avoir discuter avec l'infirmier. Il devait rapidement s'occuper de ce problème, en espérant que ce n'est qu'un incident sans conséquence grave, puis il le nota sur la fiche de Marcus.

Toujours au côté de son patient, il lui tapota légèrement le dos en signe de compassion, et ajouta : "Je suis sûr que tu vas oublier ça, parce que je t'ai concocté une sorte de petit jeu. Mais d'abord tu vas te relaxer, si tu le veux bien. Vas t'allonger ou t'asseoir sur ce divan, comme tu préfères." Il attendit que Marcus s'exécute, puis reprit d'une voix douce, presque hypnotique : "Vide ton esprit. Oublie tout ce qui te déplaît. Maintenant, imagine un paysage où tu aimerais te trouver..." Et il continua ainsi, jusqu'à ce que Marcus soit totalement détendu. Il commença l'exercice : "Je te donne un mot, tu m'en donnes un autre. Et ainsi de suite."

Marcus avait légèrement sursauté en sentant une main se poser sur son épaule, et il n'avait pu s'empêcher de relever la tête pour voir qu'Adrian était à présent à côté de lui. Une boule dans la gorge, il articula silencieusement ce qui aurait dû être un merci quand il reçut un mouchoir. Tentant de se reprendre un peu, il essuyait ses joues et ses yeux, hochant légèrement la tête aux paroles du psychiatre. Reprenant un souffle plus correct, il alla s'allonger sur le divan quand Adrian le lui demanda, rabattant son écharpe sur sa gorge pour pouvoir parler distinctement. Regardant le plafond d'un blanc immaculé, la première chose à laquelle l'adolescent pensa fut de la neige. Oh, oui... Un immense désert de neige immaculée, avec lui au plein milieu... Alors qu'il avait réussit à se décrisper complètement, le psychiatre lui annonça la règle du jeu, et lui sortit toute une liste de mots, ne lui laissant même pas le temps de réfléchir à ce qu'il allait répondre.

-Télévision ? Moto ? Genou ? Pelouse ? Chapeau ? Ecoeurement ? Table ? Canard ? Compliment ? Ballon ? Fauteuil ? Palpitation ? Porte ? Marcus ? Chien ? Galet ?

-Bruit. Dangereux. Sexy. Doux. Ridicule. Femme. Paix. Boiteux. Mensonge. Liberté. Papa. Ralf. Prison. Obèse. Anthropophage. Lapidation.

Un peu essoufflé, Marcus se tourna vers Adrian, se demandant à quoi rimant ce petit jeu. C'était quoi le but? Lui faire dire des choses que lui-même ne savait pas sur lui? Ou c'était juste pour le faire arrêter de pleurer?

Adrian notait méticuleusement les réponses de Marcus, leva un sourcil interrogatif en entendant certaines. Bien qu'il ne saisît pas tout l'ampleur de ces réponses, Adrian comprit vite que quelque chose n'allait pas. Une personne n'ayant pas de problèmes psychologiques aurait répondu autre chose que des mots comme "ridicule, boiteux, mensonge", et encore moins des termes si forts comme "obèse" et "lapidation". Il devrait y réfléchir après la séance, et peut-être trouverait-il d'autres réponses au fil des autres rendez-vous.

Un peu alerté, Adrian revint à son bureau, sortit de la pochette des feuilles cartonnées où étaient dessinées des taches d'encre de toutes les couleurs. Il les classa dans l'ordre, puis les fit défiler devant les yeux de Marcus. La première était constituée de deux éléments se faisant face, l'un noir, l'autre gris clair. Au centre s'étalait une tache rouge. Ces taches ne représentaient rien de particulier, le but était de voir ce que l'imagination du patient en faisait.

"Décris-moi ces dessins, s'il te plaît."

Au vu des réactions d'Adrian (il l'avait vu lever un sourcil à plusieurs reprises), il y avait quelque chose qui clochait chez lui. Enfin, il le savait depuis son unique rendez-vous chez un psychologue qui avait conseillé de le faire interner au plus vite, pour son bien et celui de sa famille, soit-disant. Soupirant, Marcus s'assit en tailleur, faisant face à l'homme qui revenait vers lui avec des fiches en carton. C'était quoi, ça, encore ? Penchant un peu la tête de côté quand il se retrouva avec un premier dessin à décrire, il joua un instant avec son piercing avant de se dire que la tache rouge était occupée à bouffer la noire. Ca lui faisait penser à quelque chose!

-Mon frère, mes sentiments et moi.

Naturellement, il était la tache noire. L'image suivante était principalement couverte d'une seule couleur, avec quelques petites taches d'une autre couleur. Ce à quoi il dit correspondre "Mes qualités dans l'océan de ma nullité.". Lui, cette phrase le fit rire, mais nul doute qu'Adrian devait trouver cela moins drôle. La troisième de la série lui évoqua un papillon qui s'envolait et la quatrième le fit violemment sursauter. Parcouru par un violent frisson, Marcus soupira profondément, avant de répondre à nouveau.

-Une araignée...

Une fois de plus les réponses du jeune homme étaient étranges, et Adrian dut les prendre en notes. Marcus avait dix-sept ans, il avait été diagnotiqué come anorexique et phobique, c'était d'ailleurs pour ces deux raisons au moins qu'il avait été interné dans cet établissment. Mais le psychiatre pensait qu'il y avait quelque chose de plus. Il pensait qu'il y avait encore un autre problème, ou tout du moins que Marcus avait un problème avec quelque chose que personne n'avait encore su dévoiler. Le médecin prit son mal en patience, et tenta de percer ce secret de manière détournée.

"Marcus, oublie ces taches, ce ne sont que des dessins, tu ne dois pas en avoir peur...", il aurait presque rajouté qu'il ne devait pas avoir peur non plus des araignées réelles, car c'est une peur inconsidérée, mais il se retint. Il connaissait bien les personnes atteintes de phobies, et aussi les raisons psycholgiques d'une telle terreur, que ce soit pour une araignée, le vide ou encore un clown. N'importe quoi pouvait rendre n'importe qui phobique (ou presque, car c'était surtout les personnes fragiles psychologiquement qui étaient touchées).

"Nous ferons un travail sur tes phobies plus tard, aussi nombreuses qu'elles soient, nous parviendrons à les atténuer, et peut-être même les faire disparaître." Adrian connaissait et avait inventé des méthodes bien à lui pour soigner ce type de névroses. Il verrait cela plus tard avec le jeune homme, le moment n'était pas aux soins véritables, mais plutôt au diagnostique précis.

"Aujourd'hui je veux que tu m'expliques, ou du moins ce que tu penses de ton frère, tes sentiments et toi." Ainsi il avait repris mot pour mot les paroles de Marcus, et espérait bien cette fois-ci, entendre de véritables explications sur les troubles de Marcus. Peut-être que sa langue se délierait, peut-être qu'ilk parlerait à coeur ouvert, peut-être pas. Le medécin, toujours aussi doux, le rassura encore une fois : "Et tu peux tout me dire. Rien ne sortira de ce cabinet."

Quand Adrian lui avait dit de ne pas avoir peur des dessins, Marcus n'avait pu s'empêcher de s'empourprer quelque peu, vexé. Tout d'abord, il n'avait pas vraiment eut peur, mais l'image l'avait surpris et le dégoût qu'elle lui inspirait l'avait fait frissonner, voilà tout! La lèvre inférieure en avant dans une moue boudeuse, il se reprit néanmoins quand le psychiatre se mit à lui expliquer qu'ils ne s'occuperaient pas de ses phobies tout de suite. Alors, à quoi ça lui servait de venir ici s'ils ne faisaient rien pour arranger ses phobies ?! Pff... Ca finirait sans doute comme avec Ragsiel... Des promesses, et en fin de compte, rien de changé. Sauf que quand Adrian lui parla de ce qu'il attendait de lui, l'adolescent resta un moment figé, avant de se replier sur lui-même. Il n'en avait aucune envie!

-Je le déteste.

Dit-il simplement, quoique triturant son écharpe imprégnée du parfum de son frère. Regardant ailleurs comme toujours quand il mentait, il avait un peu rougit et son coeur s'était accéléré, quoiqu'il ne sache aucunement pourquoi.

-C'est lui qui m'a fait faire mon piercing et mon tatouage... Alors que les aiguilles font partie de la liste de mes phobies...

Frissonnant, Marcus tripota un moment son t-shirt, avant de le retirer pour montrer le tatouage à l'homme, comme pour appuyer ses dires.

-Ce jour-là, j'ai bien cru que j'allais faire une crise cardiaque...

"Je le déteste." Au moins cela avait le mérite d'être clair. Il semblerait donc que Marcus haïsse ce frère. Adrian aurait aimé en savoir plus, mais il avait remarqué la réaction excessive du jeune homme, et se contenta donc d'un :

"Lui as-tu déjà exprimé ton ressentiment ?" Il écrivit qu'au prochain rendez-vous, il devrait lui poser des questions plus précises sur son frère. Mentalement, il nota que Marcus était plutôt influençable. Un piercing et un tatouage étaient tout de même des actes de torture physique, et mentale pour un phobique comme Marcus. De plus, un homme qui force son frère à se faire percer et tatouer n'était pas tout à fait bien dans sa tête, surtout si le frère en question avait une peur panique des aiguilles.

Pendant ses digressions mentales, Adrian avait posait son coude sur le bureau, sa main retenant son menton, il regardait Marcus d'un oeil vague. Quand ce dernier souleva son t-shirt en guise de preuve, il leva si vivement la tête que son bras tomba, il avait même la bouche légèrement ouverte. Ce n'était pas réellement la vue du corps de Marcus qui le surprit tant, c'était surtout de voir à quel point il était instable. Un instant il se cachait derrière son écharpe, et tripotait son piercing ou ses cheveux dans un mouvement de gêne, et l'instant d'après il se déshabilla à moitié.

-Je crois qu'il sait que je le déteste... De toute manière, il ne m'a jamais aimé, alors ça doit lui être égal...

Répondit Marcus, baissant les yeux. Relevant son regard sur Adrian, il rougit violemment en le voyant rester bouche ouverte, à observer son torse sans aucun complexe. Bon sang! Pourquoi avait-il retiré son t-shirt, déjà ? Ah, oui... Pour lui montrer son tatouage... Soufflant qu'il avait froid, il se rhabilla rapidement, lissant le vêtement qu'il avait commencé à froisser entre ses mains. Le reste de la séance, il fut incapable de prononcer un seul mot, aussi terminèrent-ils plus tôt que prévu.

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Cela faisait à présent la troisième séance qu'il avait avec le psychiatre. Et il commençait à vraiment l'apprécier. En plus, au matin, il ne savait pas ce qu'il lui avait prit mais il avait passé plus d'une heure à jongler entre sa brosse à cheveux et de la laque, il s'était mit du crayon sous les yeux et, miracle, avait mit des vêtements qui n'étaient pas trop larges. Un slim et un t-shirt noir plutôt seyant, à manches longues. S'étant à nouveau mordu les mains, il avait passé des mitaines, soulagé que ses doigts ne soient pas couverts de cicatrices. Lissant ses cheveux, rajustant son écharpe parfumée au Black XS, il frappa à la porte avant d'entrer.

-Bonjour!

Esquissant un sourire, il alla s'asseoir devant Adrian, croisant les jambes. Au fond, ça lui manquerait, quand il devrait arrêter les séances. Certes, cela se passait parfois mal parce qu'il y avait des choses qui lui revenaient, mais... Par après, parfois, il allait mieux.

-De quoi vous voulez me faire parler, aujourd'hui?

Cette dernière question acheva de bloquer Marcus. Le psychatre connaissait bien ce mutisme qu'utilisaient les patients ayant un mal-être profond. Il tenta encore une ou deux questions, lui expliquant la raison de ce questionnement, mais l'adolescent resta muet. Adrian le salua, et le libéra :

"Dans ce cas, je te dis à la prochaine fois, je te ferais parvenir la prochaine date par une personne de confiance. Tu peux y aller, maintenant. Bonne journée."

Bien après son départ, Adrian repensant et relut les paroles de Marcus. Il cernait déjà un peu mieux son profil, et décela plusieurs points faibles à travailler. Il entrevoyait un avenir moins tourmenté pour ce jeune, s'il parvenait à le soigner comme il le désirait. Pour cela, il aurait besoin de la confiance et de l'envie de Marcus. Adrian ne douta pas une seconde qu'il voulait se sortir de cette spirale de douleurs, tant physique que mentale.

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"Bonjour, Marcus !" Heureux de voir son patient avec une meilleure mine que les autres jours, il lui tendit une main accueillante, et un sourire jovial éclaira son visage en réponse à celui de Marcus.

"De quoi tu vas me parler, tu veux dire !" Il avait dit cela avec un sourire, et des yueux qui trahissait sa malice. "Oui, si tu le veux bien, on va parler de tes phobies aujourd'hui. J'aimerais que tu me dises de quoi tu as peur, et surtout que tu m'expliques pourquoi... Donne-moi autant de détails que tu peux. Prends ton temps, mais détailles tout ce que tu peux." Adrian espérait en effet, qu'il allait lui parler longuement de ses phobies. Le seul fait d'en parler atténuer certaines d'entre elles.

Toujours autant surpris par ce geste, Marcus serra la main d'Adrian avec quelques secondes de retard. Sans doute n'arriverait-il jamais à s'y faire! Quand il se fit reprendre sur ce qu'il avait dit, il leva les yeux au ciel, se renfrognant un peu. Pourquoi il se sentait obligé de toujours le contredire?! Esquissant une moue quand il apprit qu'ils allaient parler de ses phobies, il soupira, lançant un regard mécontent à l'homme en face de lui.

-Ne faites pas comme si vous me laissiez le choix. Tout d'abord, et vous le savez déjà, j'ai peur des araignées. Ralf en jetait dans mon lit quand j'étais petit. Il y a les chiens, aussi... Il n'arrêtait pas de me raconter que ces bestioles préféraient les enfants que leur pâtée. Sinon... Euh... Les ascenseurs. Je suis resté coincé dans un ascenseur, une fois... C'est aussi ça qui m'a rendu claustrophobe, je crois... Mais pourquoi vous voulez savoir tout ça? C'est pas marqué dans mon dossier?

Demanda Marcus qui, en fait, n'avait guère envie de parler de tout ça. Et puis, normalement, toutes ses phobies y étaient répertoriées, dans ce foutu dossier. Donc, pas besoin de lui dire de quoi il avait peur!

Comme à son habitude, le psychiatre était calme, notant sur la fiche de Marcus ce qu'il lui disait. Pourtant le son de sa voix semblait avoir changé, Adrian leva donc les yeux de ses annotations, et prit en compte le léger énervement que trahissait la voix de Marcus, avant de répliquer :

"Bien, les araignées, les chiens, les ascenseurs, et tu es claustrophobe. Je préfère que ce soit toi qui me le dises, parce que je te crois sur parole, alors que ton dossier je ne sais pas si je peux avoir confiance en lui !", dit-il, s'amusant un peu de l'air grognon de son patient.

"Mais crois-tu sincérement que je te demanderais tout cela, si je en m'intéressais pas à toi. Il faut que je te dises que tu es quelqu'un d'exceptionnel. Le seul hic, c'est que tu ne le vois pas. Je suis là pour t'apprendre à te considérer comme un homme capable, capable de vivre, capable d'être heureux. Je ne te dis pas que tu n'auras plus peur de ces choses, mais tu sauras vivre avec, sans que ce soit douloureux pour toi." Adrian avait gardé son calme, mais sa voix tremblait un peu sous le coup de la force qu'il donnait à ses mots, tant pour réconforter Marcus, que pour lui donner confiance en lui. Cette confiance était primordiale pour faire de lui un homme accompli.

"Maintenant je te demandes de m'expliquer ce qui te fais peur chez les araignées. Est-ce leur aspect, leur comportment ? Pour les chiens, est-ce leur agressivité, leûr apparence ? Pour les endroits rétrécis, comme les ascenceurs, est-ce la peur de rester enfermer, ou de tomber, ou autre chose ?" Il fixait à présent Marcus, certain qu'il allait se mettre au travail.

Marcus rougit vaguement quand Adrian lui fit comprendre qu'il s'intéressait à lui. Il osait espérer que ça n'était pas de la même façon que Ragsiel! Enfin... Ca pouvait être envisageable, mais... Qu'il ne fasse pas comme l'infirmier, qu'il ne le force pas... Rougissant plus violemment quand il lui dit qu'il était quelqu'un d'exceptionnel, il ouvrit la bouche pour répliquer, s'en retrouvant incapable. Il avait l'air tellement sûr de lui, quand il disait ça! Baissant un peu les yeux lorsqu'il lui demanda de s'expliquer sur ses peurs, il joua un moment avec son piercing avant de se décider à parler.

-Leur aspect, surtout... Des bestioles poilues, qui peuvent se faufiler partout... Les chiens? Je dirais leur agressivité... Encore que face à un vieux chien pépère, s'il découvre ses crocs, même pour tirer la langue, j'en ai peur... Les endroits rétrécis, j'ai peur d'y rester coincer... Les ascenseurs, j'ai peur de tomber, aussi...

Fit l'adolescent, ne cessant de frissonner pendant qu'il parlait. Il n'y pouvait rien,même le fait d'évoquer ses phobies lui faisait un peu peur. Enfin, peur... Ca n'était pas vraiment le mot.

-J'ai... Il y a les orages, aussi... Les éclairs me font plus peur que le tonnerre, je crois... C'est à cause de légendes urbaines que mon frère me racontait toujours...

Adrian griffona quelques notes sur la feuille, si rapidement que personne n'aurait pu le relire -même lui aurait du mal à la fin du rendez-vous. Il proposa une méthode particulière à Marcus, ayant l'espoir d'avoir des réponses encore plus précises :

"Serais-tu prêt à te livrer à une séance d'hypnose ? J'ai étudié ce procédé, et je pense que celui-ci pourrait beaucoup t'aider ! Qu'en penses-tu ? Tu n'as aucune obligation bien sûr. Tu peux tout à fait refuser."

Ce psychiatre aimait laisser à ses patients le choix de leur thérapie, et encore plus à Marcus, car celui-ci semblait avoir été forcé à trop de choses par son entourage, et en particulier son frère. Il est trop naïf, et se laissait guider par toute personne qui se prétendait vouloir son bien. Or, ça n'était évidemment pas le cas, et il se retrouvait ainsi en mauvaise posture. Apparemment, son frère se trouvait souvent à l'origine de ces situations malencontreuses. Décidément, tout tournait autour de ce fameux frère, mais ne voulant pas murer son patient dans le silence, Adrian n'aborda pas le sujet directement. Ils auraient bien assez de temps pour s'y consacrer. En effet, il semblait au psychiatre que le coeur du problème était là : ce frère si puissant par rapport à Marcus, ce frère presque tout-puissant.

Un peu mal à l'aise, Marcus haussa un sourcil interrogateur quand Adrian lui parla de l'hypnose. Se tortillant sur sa chaise, il se mordilla les doigts, laissant une vague rougeur apparaître. Alors comme ça, ça pourrait l'aider? Mais... Ca n'était pas dangereux? Enfin... Il devait y avoir moyen d'influencer les gens que l'on hypnose, non? Ca l'inquiétait un peu...

-Vous croyez? Moi, je veux bien qu'on essaye, mais... Ca me fait un peu peur...

Avoua l'adolescent, baissant les yeux, les joues un peu rouges à nouveau. Si ça continuait comme ça, il allait se tartiner de fond de teint! Il en avait plus qu'assez d'être sans cesse rouge comme une pivoine. Se levant donc de sa chaise, il s'installa sur le divan, il décida de lui faire part ses inquiétudes.

-C'est pas que je vous fait pas confiance, loin de là! Mais... Voilà, quoi... J'ai jamais eu beaucoup de chance avec les gens qui disent vouloir m'aider...

Poussant un long soupir, Marcus tenta de se détendre, relevant les yeux sur Adrian. Il était inquiet, il avait peur, mais il lui faisait confiance. Aussi, il lui murmura que c'était quand il voulait, esquissant un vague sourire forcé.

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