Maux de tête & Mots en tête-à-tête [Hot]

Avant même qu’il ne comprenne ce qu’il se passait, Marcus se retrouva debout, serré contre Adrian. C’était impossible. Les larmes continuaient de couler toutes seules, même s’il n’en ressentait plus ni le besoin ni l’envie. La tête appuyée contre le torse du psychiatre, il avait fermé les yeux, tremblant légèrement sous les lèvres qui caressaient son cou. S’il n’osait pas véritablement l’enlacer, il s’était accroché à son t-shirt, haussant un sourcil quand il se mit à reculer, l’entraînant avec lui. Et quand ils tombèrent, un petit cri de surprise lui échappa, avant qu’il ne se mette à rougir violemment quand il réalisa la position dans laquelle il était.

Laissant Adrian lui relever la tête, il lui lança un regard mi-interrogatif, mi-inquiet. Il avait peur de comprendre ce qu’il voulait faire. Il n’allait tout de même pas l’embrasser ?! En même temps, l’adolescent mourrait d’envie de se rapprocher encore un peu. Observant presque anxieusement le moindre battement de cil de son aîné, il ferma en partie les yeux quand il se rapprocha encore un peu plus, lui faisant sentir son souffle brûlant sur ses lèvres. C’était immonde comme torture ! Leurs lèvres finirent par se frôler, et il fut comme électrisé. Il avait l’impression de fondre entre les bras de l’homme. Les joues plus rouges que jamais, il ferma les yeux et pressa ses lèvres contre les siennes, se serrant contre lui alors qu’il lui caressait timidement les cheveux. Puis, se reculant, il se redressa un peu sur ses avant-bras pour murmurer quelques mots.

-Pourquoi j’ai l’impression que mon cœur essaye de défoncer ma poitrine ?

Sans laisser au psychiatre le temps de répondre, il posa à nouveau ses lèvres sur les siennes, avant d’enfouir son visage dans son cou, caressant un peu sa joue. Mon dieu ! Pourquoi est-ce qu’il rougissait comme ça ? A peu de chose près, on devait pouvoir faire cuire un œuf sur ses joues tellement elles étaient chaudes.

La question de Marcus fit un drôle d'effeet à Adrian, comme si le jeune homme avait su mettre les mots exacts sur ses émotions. Les joues écarlates le firent sourire, mais d'un sourire tendre. Il sentit ses lèvres dans son cou, releva la tête, laissant ainsi plus de place aux baisers de Marcus. Il appuya la main du jeune homme contre sa joue qui commençait à piquer, sa barbe re poussant déjà. Les baisers se firent plus pressants. Il releva une fois de plus le visage de Marcus, pour le regarder dans les yeux. L'envie et l'excitation se précisèrent, et il l'embrassa à nouveau. Il lui mordillait les lèvres, et l'embrassait encore. Les mains d'Adrian étaient dans son cou, sur son dos. Il le plaqua encore un peu plus contre lui.

L'excitation était à son comble, alors Adrian passa une main sous le t-shirt, sentant la peau brûlante de Marcus. Il la caressa doucement, mais interrompit rapidement son geste. Il ne pouvait pas faire cela. Marcus était son patient, il n'avait que dix-sept ans et souffrait d'un complexe d'infériorité. Adrian se recula un peu, faisant mine de se redresser dans le lit. Il se persuada que Marcus n'avait accepté ses baisers que parce qu'il avait besoin de réconfort et de tendresse. De plus, sa position de psychiatre lui conférait un statut supérieur à celui de Marcus, et le jeune homme avait dû se sentir obliger de répondre aux baisers de son médecin. Pourtant une phrase, ou plutôt une question, lui revint en tête. Il lui avait demandé pourquoi son coeur défonçait sa poitrine. De plus en plus troublé, Adrian cessa d'embrasser les lèvres de Marcus.

"Va falloir ouvrir la fenêtre il fait trop chaud ici !" Joignant le geste à la parole, Adrian se leva. Il n'avait trouvé que cette excuse pour stopper là leurs baisers. Ne voulant pas faire de mal à Marcus, il reprit donc.

"Marcus, je ne sais pas pourquoi j'ai agi comme ça ! J'en avais envie, et je me suis laissé aller. Je m'en excuse. Ca ne se reproduira plus ! J'espère que tu ne m'en tiendras pas rigueur par la suite. Je t'aime beaucoup tu sais, mais tu es mineur, et je suis ton psychiatre. Nous ne pouvons pas avoir ce genre de relations." Pendant tout ce temps, il regardait le jardin, sa main toujours posée sur la poignée de la fenêtre. Il n'avait fait qu'empirer la situation en embrassant Marcus. Celui-ci n'avait pas besoin d'un problème de plus.

Rapidement, Marcus avait déposé quelques baisers dans le cou d’Adrian, d’abord doucement puis un peu plus fougueusement. Frémissant contre lui, les yeux clos, il s’abandonnait complètement, ne cherchant pas à résister un tant soit peu. Et quand il sentit une main glisser sous son t-shirt, il ne pus retenir un léger soupir, alors qu’il froissait un bout de drap dans sa main. Ca lui donnait de ces frissons ! Sauf que le psychiatre cessa de l’embrasser et se leva brusquement pour aller ouvrir une fenêtre.

S’asseyant correctement, il se recoiffa un peu, avant de se figer aux paroles de son médecin. Non ! Il ne pouvait pas avoir fait ça, pas lui ! Serrant les dents et les poings, il ferma les yeux et secoua la tête, espérant faire un mauvais rêve. Mais non. Il s’était foutu de lui, comme Ragsiel.

-J’vous déteste !!

Hurla Marcus, avant de partir en courant. Ca faisait bien trop mal que d’entendre que tout ça n’était rien. Juste une envie passagère qu’il avait voulu assouvir. Cette fois-ci, il ne retourna pas se cacher, mais retourna dans sa chambre. Par chance, Tomasz n’y était pas, et il se laissa à pleurer toutes les larmes de son corps. Ce type n’était qu’un salaud de plus. Il en avait assez de se faire manipuler !!

Adrian ne s'attendait absolument pas à une réaction aussi vive, il se retourna mais Marcus était déjà parti. Il laissa échapper un soupir triste, il referma la fenêtre, puis jeta un regard dans la pièce. Tout y paraissait froid les murs peints en blanc et sans décorations, l'unique chaise plutôt défraîchie, le linge de lit d'un blanc immaculé, mais en désordre, et enfin la porte grande ouverte, dernier signe de vie de Marcus qui n'avait pas pris la peine de la refermer.

Adrian s'approcha du lit, et se rendant compte qu'il était pieds nus, il grimpa sur celui-ci. Les draps étaient encore chauds là où leurs corps s'étaient rapprochés. Ses yeux se remplirent de larmes, mais il ne les ferma pas tout de suite, les laissaient déborder de ses yeux grands ouverts. Puis un son venant du fond de sa gorge dépassa la frontière de ses lèvres, on entendit un drôle d'écho dans la chambre. Adrian sanglotait comme un enfant, ne sachant plus que penser.

Il n'avait jamais eu envie d'aucun homme, et les femmes l'avaient de tout temps attiré. Il ne comprenait plus, il ne se comprenait plus. Se prenant la tête à deux mains, il se balança d'avant en arrière, gémissant comme il vomirait sa douleur. Son coeur leva même plusieurs fois, mais la nausée ne vint pas. Il aurait peut-être préféré. Pendant de longues minutes, il pleura agenouillé sur ce lit qui avait connu le véritable premier baiser de Marcus. Au bout d'un certain moment, ses larmes cessèrent de couler. Une idée s'était formée dans sa tête, et cette idée lui permettait de supporter ce que lui avait dit Marcus en partant.

Adrian se leva, s'essuya les yeux du mieux qu'il put, mit un peu d'ordre dans ses cheveux, pensant au geste si coutumier de Marcus, et se dirigea vers le bureau des infirmiers, qui se trouvait au bout du couloir. Lorsqu'il fut arrivé, il demanda d'une voix qui se voulait nette et sans nervosité :

"Bonjour, messieurs ! Si vous le permettez, je vais reprendre un antalgique, et rentrer dans ma propre chambre. Ce n'était qu'une migraine ophtalmique ! Impressionnant, mais pas très grave."

Il espérait que les jeunes hommes qui jouaient aux cartes à son arrivée le croiraient sur parole. En effet, ce genre de migraine était impressionnante, mais surtout pouvait laisser de graves séquelles cérébrales. Heureusement, ils n'y connaissaient rien, et le fait qu'il soit psychiatre les avait convaincus. Comme il l'avait espéré, ils lui donnèrent les clefs de la salle où les médicaments étaient rangés. Il prit plusieurs boîtes différentes, gobant immédiatement trois pilules sans eau. Il ressortit, et se dirigea enfin vers sa chambre.

Il se doucha, changea de vêtements, et ressortit. Son angoisse de tout à l'heure s'était calmée en grande partie grâce aux anxiolytiques et anti-douleur qu'il avait ingurgités. Arrivé devant la porte de la chambre de son patient (le numéro était inscrit dans son dossier), Adrian frappa doucement trois fois de suite. La réponse vint affaiblie. Il passa la tête dans l'entrebâillement, et vit celui qui l'avait quitté, si furieux quelques temps plus tôt.

"Marcus... Marcus... Je.. Je m'excuse. Je n'ai pas voulu dire que... C'est que je vais avoir d'énormes problèmes si l'on apprend cela. Tu es mineur. Marcus..."Adrian rentra, en prenant garde de refermer derrière lui.

Il vint s'asseoir à côté du jeune homme, et le prit par les épaules. Il l'attira à lui, posa son front contre ce cou à la peau si douce, et lui murmura : "Je t'aime. Je t'aime Marcus. Je ne peux faire autrement, je t'aime. Je t'aime sincèrement. Je ne veux pas te faire souffrir. Si tu ne peux supporter de vivre caché, ou que tu ne veux pas de moi... Dis-le-moi, et je.."

La suite...