Petit tête-à-tête

Alors comme ça, il suffisait de faire des yeux de chien battu à Adrian pour qu'il se laisse mener par le bout du nez? Ca semblait trop facile... Enfin, Marcus notat dans un coin de sa tête que cela semblait bien fonctionner. L'observant faire un rangement sommaire dans la cuisine, il se laissa entraîner, quoique se demandant pourquoi ils évitaient les deux infirmières qui discutaient. Elles n'auraient probablement même pas fait attention à eux! Enfin, ils avaient fait la moitié de l'établissement et il leur était impossible de remonter dans le temps.

Essoufflé, fatigué, l'adolescent jeta un coup d'oeil autour de lui. C'était joli! Haussant légèrement un sourcil quand il sentit une odeur jusque là absente, il fit un tour sur lui-même pour en découvrir la provenance. De l'encens! A la vanille, apparemment. Ca sentait pas mauvais, mais il espérait que l'odeur ne se ferait pas plus forte sans quoi cela deviendrait écoeurant.

-C'est joli! J'aime bien!

Attrapant la main d'Adrian, le jeune homme le traîna jusqu'à un des canapés où il se laissa tomber, entraînant l'adulte avec lui. Assis à ses côtés, il se permit de venir s'appuyer contre son bras, sa tête reposant sur son épaule. Ca n'était pas de sa faute si son amour avait des épaules confortables!

-Je suis fatigué...

Soupira Marcus, non sans une idée derrière la tête. Il avait envie de se retrouver au lit avec l'homme, rien que pour voir ce qu'il se passerait. Parce que d'un côté, il commençait a se faire a l'idée qu'il finirait par se faire dépuceler un jour. Mais de l'autre, le psychiatre l'intimidait quand il commençait à s'emballer... Et il ne savait pas quoi faire dans ces situations-là.

Le comportement de Marcus rendait Adrian fort content. Il le laissa se blottir contre lui. Le jeune homme avait accepté l'expérience culinaire, ce qui, pour un phobique comme lui, était un effort presque surhumain. Adrian lui caressa les cheveux pendant un bon moment, et cela lui suffisait. Il commençait même à assoupir dans cette confortable position, son souffl se faisant plus lent.

Quelque chose claqua, et la pièce s'assombrit légèrement. L'ampoule d'une des lampes devait avoir grillé. Ce qui eut l'effet de réveiller en sursaut le psychiatre. Ses pensées qui vaquaient à leurs occupations imaginaires, furent rapidement remises à leur place, c'est-à-dire en lien avec le monde réel. Il se redressa et regarda les yeux de Marcus qui semblaient embrumés. Un sourire vint adoucir son visage, quand il passa un bras autour des épaules du jeune Von Guttenberg.

"Tu n'es pas le seul à être fatiguer. Nous devrions aller nous coucher, il se fait tard." Puis voyant l'expression de Marcus, il précisa : "Tu veux que je te raccompagne à ta chambre ?"

Au son du claquement, Marcus n’avait pu s’empêcher de sursauter légèrement, cherchant du regard la provenance de ce bruit. C’est là qu’il remarqua qu’il faisait plus sombre. Ca faisait autant de boucan, une ampoule qui rend l’âme ? Entendant les paroles d’Adrian, il esquissa un sourire qui s’effaça aussitôt. Baissant les yeux, il hésita un moment avant de prendre la parole :

-C’est que… En fait… J’avais pensé… Qu’on pourrait dormir ensemble ?

Le jeune homme vira au rouge pivoine puis se leva brusquement, avant de reprendre, visiblement gêné.

-Je… Ca va aller, je connais le chemin, merci…

Affreusement rouge, commençant à bafouiller, il fit volte-face et se dirigea vers la porte. Tant pis, il laissait tomber. L’adulte n’accepterait sans doute pas. Après tout, il l’avait déjà tellement repoussé qu’il craindrait de lui faire du mal en ne sachant pas se retenir. C’était tellement dommage… Enfin, Tomasz devait l’attendre. Il était tellement adorable !

Adrian remarqua immédiatement la rougeur qui avait envahie les joues de son petit protégé. Il fut un peu abasourdi par la réaction de Marcus, mais il la comprit aussi. Le jeune homme croyait qu'Adrian avait l'intention de l'inviter à rester dormir avec lui. Pourtant jamais il ne lui avait laissé sous-entendre que tel serait le cas. Le départ soudain le laissa encore quelques instants perplexe. Il se défit enfin de sa fixité, et rattrapa Marcus alors que celui-ci touchait déjà la poignée de porte. Les bras enlaçèrent le torse mince, et Adrian souffla presque silencieusement :

"Reste." Il embrassa le cou, et le visage de Marcus, puis ajouta : "Suis-moi."

Sans attendre une réponse de sa part, il le mena par la main jusqu'à la pièce qui tenait lieu de chambre. Un grand lit moderne trônait au centre, et comme dans le salon, de lourdes tentures donnaient une ambiance cocoon. Adrian n'alluma qu'une minuscule lampe, mais cela suffit à éclairer le visage et le corps de Marcus.

"Tu veux dormir avec moi. Et bien, moi je te veux toi." Puis se rendant compte du quiproquo probable, il précisa : "Je veux dire que je veux te garder pour moi, si tu es d'accord. Je ne veux te partager. Je te veux tout entier."

D'une main derrière la nuque, il l'embrassa longuement. Il le désirait plus que tout. Jamais il n'avait ressenti un tel désir en lui. Jamais personne ne l'avait attiré autant. Pourtant, il était sûr que cela ne tenait pas à la sexualité, mais à quelque chose de plus profond. Il sent son coeur battre si fort dans sa poitrine qu'il ne savait plus ce qu'il devait faire ou ne pas faire. Il ne pouvait tenir compte de la bienséance. Seul son désir comptait. Il ne cherchait qu'à le suivre.

Pourtant, il ne voulait forcer le jeune homme, il s'obligea donc à stopper son baiser, le regarda un instant, posa légèrement ses lèvres sur celles de Marcus, et se recula de lui. En fermant la porte, il lui demanda :

"Comment vas-tu t'habiller pour cette nuit ? Tu n'as pas de vêtement de rechange. Si tu veux, je peux t'en prêter un. Personnellement, je n'utilise jamais le haut. J'ai toujours trop chaud la nuit.

Sans plus de civilités, Adrian retira sa chemise, et son pantalon, se retrouvant ainsi en caleçon. Il ouvrit le tiroir de sa petite commode, et en sortit un bas de pyjama bleu roi qu'il enfila.

Marcus avait un peu de mal à y croire. Il y avait moins de deux minutes, il avait la main sur la poignée de la porte et était prêt à s’en aller. Maintenant, Adrian était entrain de l’embrasser et lui avait clairement fait comprendre qu’il y avait des chances que ça se finisse en câlins pas des plus innocents. Répondant au baiser, il ferma les yeux, profitant du contact plus qu’agréable. Sauf que celui-ci prit bientôt fin, lui laissant une impression de vide. Observant le psychiatre, il le suivit du regard quand il alla fermer la porte. La question le prit de court, le laissant coi quelques instants. Alors comme ça, il ne comptait pas lui sauter dessus, en fin de compte ?!

-Euh… Je…

Passant une main sur sa nuque, l’adolescent joua un moment avec son percing, cherchant une réponse correcte. Ou, en tout cas, qui ne paraîtrait pas suspecte aux yeux de son aimé. Mais comment faire ?

-En fait… J’ai l’habitude de dormir en boxer… Mais c’est pas grave ! Je garderais mon pantalon, je doute que les tiens soient à ma taille.

Le jeune homme baissa volontairement les yeux, détournant légèrement la tête. Il avait envie de dormir nu, mais ça, ça ne passerait pas. Alors, à défaut, il avait prétendu dormir en boxer. C’était faux bien entendu ! Il dormait toujours avec un t-shirt trois fois trop grand pour lui, mais comment attiser le désir de l’homme dans une tenue pareille ?

-Je…

Au départ, Marcus avait voulu dire à Adrian qu’il ne voulait surtout pas déranger, mais il était resté bouche bée devant son physique. Il était drôlement bien fait !! Quel dommage qu’il porte un pantalon de pyjama. Enfin, il pouvait toujours se rabattre sur le torse de l’adulte, c’était déjà ça ! Déboutonnant sa chemise, il la retira, quoique se tournant un peu pour masquer son tatouage. C’était une des rares choses dont il avait honte, avec son poids.

-J’ai une question stupide… On sait retirer un tatouage ?

Demanda l’adolescent, tout en chipotant à son pantalon, ne sachant s’il devait le retirer ou non.

Marcus tournait à moitié le dos à l'homme qui le regardait. Il semblait hésiter dans ses mouvements, peut-être était-il mal à l'aise de devoir se déshabiller devant lui. Pourtant, il l'avait déjà fait et n'avait pas semblé être plus gêner que cela. Adrian s'était déjà allongé, et les couvertures légères étaient rabattues de l'autre côté. Le lit prêt à accueillir le jeune homme. Quand il se décida à se retourner, Adrian lui fit signe de s'approcher et de se coucher auprès de lui. Le prenant par les épaules, il répondit à sa question de façon assez professionnel (il faut dire qu'il était médecin), mais voyant que son explication était longue et ardue, et finit par dire :

"Si tu voulais retirer le tatouage dont tu m'as parlé l'autre jour, le laser serait une solution, mais il laisserait de larges marques, et ta peau en souffrirait beaucoup."

D'ailleurs, ses doigts parcouraient la peau du torse nu du jeune homme. Il caressa ainsi le corps mince pendant de longues secondes, et ce seul contact avait pour don d'attiser en lui un désir brûlant. Il se pencha sur le visage de Marcus et commença par l'embrasser doucement, déposant de petits baisers sur les lèvres rosées. Il se fit plus pressant, se plaquant contre lui, l'écrasant presque de son poids. Il ne lui faisait sûrement pas mal, mais Marcus n'aurait pu échapper à son emprise. Il le fixa un instant, puis voyant dans ce regard un consentement, il reprit ses baisers, et glissa une des ses jambes entre celles de Marcus. Ils étaient si proches que leur torse se touchait, et les bras d'Adrian resserrrait encore plus cette étreinte. Il avait chaud, et ses joues étaient teintées de rouge sur le haut des pommettes.

"Je t'aime, Marcus. Est-ce que je peux t'embrasser comme ça ?" La question ne portait pourtant pas vraiment sur ses baisers.

-Ah… Je… Il n’y a rien d’autre, comme solution ? Ce tatouage… Je n’en ai jamais voulu… Et puis… Les gens ont tendance à ne pas aimer les tatouages aussi visibles. Je ne veux pas qu’on me voie mal à cause de mon frère…

Se glissant aux côtés d’Adrian après avoir ôté son pantalon, Marcus esquissa un vague sourire, tentant de masquer sa déception. Installé sur le côté, les yeux mi-clos, il frissonnait doucement sous les doigts qui parcouraient son torse. C’était si agréable ! Se laissant basculer sur le dos, il poussa un long soupir à la sensation du poids de son aimé sur lui, se laissant embrasser. Un peu perdu, le corps et l’esprit échaudé, il se laissait complètement diriger, comme à moitié saoul.

-Oui… Oui, bien sûr…

Souffla l’adolescent, laissant ses mains s’égarer dans le dos de l’homme, le caressant avec passion. Il mourrait de chaud ! Et être ainsi pressé contre Adrian n’arrangeait rien !

-J’ai chaud… Je me sens bizarre depuis tout à l’heure…

- Moi aussi, j'ai chaud ! Tu veux que j'ouvre la fenêtre, ça fera un peu d'air.

Sans attendre de réponse, il alla le faire. Revenant vers le lit, il s'arrêta un moment, regardant le corps à moitié nu de Marcus. Cet individu était à la fois son patient et jeune homme, un trop jeune homme. Le psychiatre s'assit sur le bord du lit, se prenant la tête à deux mains. Il devait réfléchir, ne pas agir par pulsions, il risquait de le regretter plus tard. Il aimait plus que tout Marcus, mais pouvait-il sacrifier sa carrière, sa liberté ? En avait-il le droit ? Avait-il le droit de gâcher la vie de l'adolescent, de lui prendre sa jeunesse, sa pureté ? Ces questions et bien d'autres encore tournoyaient dans son esprit. Il ne savait que faire.

Alors, sans rien dire, il abandonna Marcus dans la chambre et alla boire un verre d'eau dans la kitchenette. Il s'appuya contre l'évier, but une nouvelle gorgée, rangea le verre et retourna dans la chambre. Il n'osa prendre la parole. Il ne savait pas si Marcus comprendrait les problèmes que pourraient poser leur relation.

- Tu es bien jeune Marcus. Te crois-tu assez fort pour assumer notre relation ? Connais-tu les conséquences qu'elle pourrait avoir ?

Haussant un sourcil quand Adrian s’écarta, Marcus se redressa, l’observant. Qu’est-ce qu’il faisait, tout d’un coup ? Il changeait ENCORE d’avis ? Sauf que cette fois-ci, ça lui laissait comme un goût amer dans la bouche. Le regardant s’éloigner sans rien dire, il se laissa retomber sur le matelas. Pourquoi partait-il ainsi ? Il avait fait quelque chose de mal ? Se tournant sur le côté, il tira le drap sur lui, ayant maintenant froid.

Entendant son aimé revenir, il soupira légèrement, se demandant quoi faire. Restant sans rien dire à sa question, il joua un instant avec son percing avant de se décider à parler.

-Je… Non, je ne sais pas… Tu… On n’a qu’à en parler, non ?

Souffla l’adolescent, se tournant pour lui faire face.

- Je ne veux pas en parler ! Je veux savoir ce que tu veux, TOI ! Est-ce que tu veux continuer une relation vouée à l'échec ? Est-ce que tu veux continuer à te cacher pour me voir ? Est-ce que tu veux aimer dans ces conditions-là ? Ne vaudrait-il mieux pas pour toi d'aimer quelqu'un de ton âge ?

Adrian ne bougeait pas. Il gardait la même position, la tête retenue par les mains, les coudes posés sur les cuisses, le visage impassible. Il n'était immobile que dans deux cas : quand il était énervé et quand il réfléchissait intensément. Cette fois-ci son immobilité tenait à sa réflexion profonde. Il attendait la réponse de Marcus, mais comme elle ne venait pas il continua l'interrogatoire. Il sentait qu'en agissant ainsi il pousserait le jeune homme dans ces derniers retranchements.

- Crois-tu que si le directeur de cet établissement découvre notre relation, il me laissera faire ? Que ce soit lui ou un autre, je serais accusé de pédophilie.

Le mot était lâché, mais il continua. Il devait être sûr de ce que voulait Marcus. Il était bien trop fragile pour endurer des telles hypothèses criminelles. Si un adulte lui demandait de préciser quel genre de relation ils entretenaient, il ne pourrait pas expliquer qu'il l'aimait vraiment et qu'Adrian ne l'avait jamais forcé de quelles que manières que ce soient.

- Crois-tu que tu serais capable de dire aux autres pourquoi tu as eu une relation avec moi ? Ils croiront tous que ma profession t'a amené à penser que tu devais accepter tout ce que je te proposerais ? Tu sais, moi, je t'aime. Je t'aime plus que tout. Tu n'es pas mon patient, tu es l'être que j'aime le plus au monde. Je ferais tout pour toi. Mais, étais-tu prêt, étais-tu assez mature pour assumer cette relation peu commune ?

Marcus ne voulait pas répondre. Lui-même ne savait pas précisément ce qu'il voulait. Il aimait Adrian mais devoir se cacher lui semblait au-dessus de ses forces. Mais sans le psychiatre, aussi bien dans sa vie privée qu'en tant que son médecin, il redeviendrait vite cette loque incapable de penser par elle-même et acceptant tout sans broncher. Et ça, il n'en avait aucune envie. Baissant la tête quand l'homme lui dit que si leur relation devait être découverte ils ne pourraient sans doute plus se voir, il se redressa brusquement quand il entendit le mot pédophilie.

L'adolescent ne se sentait plus à sa place dans ce lit. Il n'avait plus qu'une envie : se lever et partir pour ne plus entendre toutes ces horreurs. Pourquoi disait-il tout ça? Qu'est-ce qu'il cherchait à lui faire dire? Il lui aurait bien avoué qu'il aurait de toute façon du mal à supporter plus longtemps de devoir se cacher, mais... Il l'aimait vraiment. Et c'était bien trop douloureux que de penser à le quitter.

-Je n'en sais rien... Je t'aime, je veux rester avec toi...

Souffla Marcus, qui s'était rallongé. Se mordant la lèvre, il ferma les yeux et laissa déborder ses larmes, pleurant silencieusement. S'il y avait une personne qui l'avait sous influence, c'était Ralf, et personne d'autre. Parce que Ralf lui faisait peur, parce qu'il le protégeait et parce que cela fait dix sept ans que, malgré tout, il aime éperdument son grand frère.

Adrian sortit de sa fixité, et découvrit les larmes roulant sur les joues du jeune. Son cœur se serra si fort qu'il dut appuyer sa main contre sa poitrine. Il retourna rapidement auprès de Marcus, le prenant dans ses bras.

- Marcus ! Marcus, calme-toi ! Je ne voulais pas... Je suis un peu dépassé par les événements, tu sais. Tu es jeune, et si notre relation était dévoilée, nous aurions des problèmes. Surtout moi. Je suis psychiatre, et ce que je suis entrain de faire est contraire à mon statut. Le médecin ne doit pas avoir de relation avec son patient. Jamais. Mais je ne peux m'empêcher de t'aimer et de faire ça...

Comme Marcus lui tournait le dos, Adrian commença par embrasser son cou. Il posait ses lèvres sur cette peau si désirable, puis sa langue vint toucher le coin de la bouche du jeune homme. Il le mit sur le dos, et l'embrassa langoureusement. Sa langue caressait celle de Marcus, et les grandes mains d'Adrian retenaient fermement celles de Marcus.

- Je t'aime et je ne peux pas te résister...

Tout cela se passa en quelques instants et sans réfléchir. Les mains, les lèvres et la langue d'Adrian parcouraient le corps du jeune. Le torse, puis les cuisses furent pris d'assaut par des caresses et des baisers passionnés. Les doigts se glissèrent sous l'élastique du boxer noir, mais sans le retirer. La tête au niveau de ce sous-vêtement s'approchait de plus en plus, et Adrian finit par se coller tout contre Marcus, ses mains toujours au-dessous du tissu contre les fesses du jeune homme.

Voyant Adrian finalement revenir vers lui, Marcus voulu clairement lui faire comprendre qu'il lui avait fait du mal. Aussi, il lui tourna volontairement le dos, ce qui ne parut pas décourager son aîné. Prenant une grande inspiration pour tenter de chasser ces larmes qui coulaient toutes seules, il les frotta d'un revers de main, écoutant sans rien dire le nouveau discours qu'il avait à subir. Frissonnant doucement sous les caresses auxquelles il avait droit, il se laissa tourner sur le dos, manquant de gémir sous les baisers.

-Je t'aime aussi...

Souffla l'adolescent, sursautant lorsque l'adulte se montra soudain plus entreprenant, sans que rien ne lui aie permis de s'y attendre. Frissonnant et lâchant de petits soupirs sous les baisers et caresses, il ferma les yeux, ses mains accrochées aux draps pour ne pas montrer qu'elles tremblaient. Biensûr, il avait un peu peur de la suite, surtout si elle arrivait aussi rapidement. Mais il faisait confiance à Adrian. Aussi, malgré une petite pointe d'appréhension, il le laissa passer ses mains dans son boxer, manquant de protester à cause de ses mains froides.

-Je t'aime... Je ferais tout ce que tu voudras...

Murmura Marcus, du bout des lèvres.

- Tout..., lui répondit Adrian sur le même ton.

Alors, il laissa son désir prendre possession de son corps et ne réfléchit plus aux conséquences de leur relation mais au moment présent, à ce moment de bonheur avec Marcus. Le jeune homme ne tentait rien, il se laissait faire, il était totalement offert à Adrian. L'homme se redressa un peu, puis reprit ses baisers et ses caresses. Puis ne voulant pas gêner Marcus, il les recouvrit de la légère couverture. Il se sépara rapidement de son pantalon de pyjama, et revint vers Marcus. Il apprécia ce contact peau à peau, et se plaça de manière que son bassin soit au même niveau que celui du jeune homme. A travers les tissus qui ne les séparaient presque plus, il sentait leur excitation. Il continuait de lui souffler des "je t'aime" de temps à autre.

Adrian embrassa Marcus à pleine bouche, le tenant par la nuque, ne lui laissant aucune échappatoire. Puis il se remit à caresser les petites fesses fermes du jeune homme. Il se mit sur le dos, et fit tourner Marcus sur lui. En continuant d'embrasser ses lèvres si douces, une jambe passée entre ses cuisses venait presser son entrejambe, et Adrian imprima un mouvement d'avant en arrière aux hanches de Marcus. Tout deux avaient chaud et respiraient rapidement. Adrian ne pouvait retenir ses gémissements discrets, tout comme Marcus.

Adrian augmenta la pression de leurs corps l'un contre l'autre, puis retira le caleçon de son amant. Il avait envie de connaître toutes les parties de corps du jeune homme, alors il laissa le dos de ses mains s'attarder là où quelques instants plutôt il y avait un sous-vêtement.

Les yeux clos, Marcus répondait passionnément au baiser d'Adrian, appréciant de sentir sa main emprisonner sa nuque. La respiration précipitée, il ne pouvait s'empêcher de pousser de petits soupirs sous les caresses. Se laissant placer au-dessus de l'homme, il gémit sous la pression contre son entrejambe, malgré qu'il meure d'envie de se recoucher. Il n'était pas sûr qu'il tiendrait longtemps dans cette position tant qu'il tremblait.

-Je t'aime, Adrian...

Souffla l'adolescent, poussant un gémissement plus fort que les autres quand il sentit la main du psychiatre sur lui. Tremblant, il s'appuya sur un bras pour lui abaisser son sous-vêtement, sans pouvoir le retirer à cause de sa position. Glissant sa main contre la virilité de son aimé, il commença à le caresser doucement, recommençant à l'embrasser à pleine bouche.

Adrian n'avait jamais embrasser un homme, et n'avait jamais ressenti aucune attirance pour les hommes en général. Marcus devait avoir quelque chose de particulier pour l'exciter autant. Adrian avait déjà fait l'amour à des femmes, et en avait joui sans entrave, mais en ce moment même il ressentait une excitation bien plus forte qu'à l'ordinaire. La main de Marcus allait et venait, et Adrian ne put réprimer son corps de se tendre, son dos s'arqua légèrement, son souffle se réduisit à un mince filet, et il dut aspirer l'air plus fortement pour ne pas suffoquer.

- Marcus ! Attends...

Pourtant, Adrian ne voulait pas qu'il attende, il ne voulait surtout pas qu'il s'arrête. A son grand plaisir, le jeune homme continua. Adrian l'embrassait avec tant de vigueur que les deux hommes en avaient le souffle coupé. Sa langue caressait celle de son amant, puis elle vint toucher le cou gracile de Marcus. Dans un élan d'envie il le remit sur le dos, poussa la couverture qui leur tenait trop chaud, et abaissa son visage vers le torse, puis le ventre du jeune homme. Adrian embrassait et léchait ce corps offert, il goûta sa peau légèrement salée. Marcus gémissait de plus en plus fort, essayant même de repousser la tête d'Adrian, mais sans grande conviction. Alors qu'il n'avait jamais fait cela, Adrian semblait avoir trouvé le pêcher mignon de Marcus.

A présent, les petits cris essoufflés de Marcus excitaient au plus haut point Adrian. Il avait envie de donner tout le plaisir possible au jeune Marcus, et ce simple fait lui donnait envie de jouir. Il lui tenait les fesses et sa bouche encerclait le sexe de Marcus. Adrian sentait qu'ils ne tiendraient pas longtemps ainsi, il ralentit donc ses baisers, mais continua avec des caresses et de petits coups de langue. Sa main droite était sur Marcus, mais la gauche enserrait son propre sexe. La jouissance n'était pas loin, mais il se devait d'attendre celle de Marcus.

Adrian lui avait demandé d'attendre, mais Marcus s'en sentait incapable. Comment le pourrait-il? Son amant était dans un tel était qu'il ne pouvait pas le laisser comme ça. Et puis quand bien même il aurait voulu le laisser en plan, il en aurait été incappable. Le baiser du psychiatre le mettait dans un tel état qu'il n'était même plus maître de ses gestes. Un peu étonné de se retrouver sur le dos, il lâcha prise, poussant un petit gémissement sous les baisers déposés sur son torse. Sauf que voilà... Adrian descendait de plus en plus, et le jeune avait une vague idée de ce qui l'attendait. Mais CA, c'était hors de question!

Tremblant comme une feuille, gémissant de plus en plus fort malgré lui, il tenta faiblement de repousser la tête de l'adulte, sans grand succès. Poussant un petit cri quand l'homme commença à s'occuper de la partie la plus sensible de son anatomie, Marcus se laissa aller complètement, se contentant de s'aggriper aux draps. Complètement à bout de souffle, il ne pouvait cependant s'empêcher de crier. Rapidement, il finit par jouir, serrant les dents pour ne pas crier trop fort et ne pas réveiller tout l'hôpital. Les yeux embués de larmes sans qu'il ne sache pourquoi, un grand sourire aux lèvres, l'adolescent reprenait péniblement son souffle. Attirant Adrian près de lui, il vint se blottir dans ses bras, fermant les yeux.

[i]

Tout se passa très vite, et Adrian n'eut pas le temps de se rendre compte des événements qui se produisirent presque instantanément. Un instant Marcus gémissait de plaisir, quelques millièmes de secondes après sa jouisance atteignait son paroxisme et il venait se pelotonner contre lui comme un chaton. Marcus ne se rendait pas compte à quel point Adrian était excité, tout son corps pulsait au rythme des battements de son corps. Adrian voulait continuer d'embrasser, de caresser Marcus, mais celui-ci semblait être plus proche de l'état de sommeil qu'autre chose.

La frustration d'Adrian grandit quand il se dit que Marcus ne pensait qu'à son plaisir et donc qu'il ne devait pas tellement compter pour lui. Une foule de questions vinrent le piquer. Il ne savait plus quoi penser. Et dans un geste de rejet, il repoussa Marcus, un peu brutalement. Non pas pour lui faire mal, mais peut-être pour lui faire comprendre sa frustration. Adrian se leva et sortit de la chambre. Il entra dans la salle de bain, sans allumer le néon au-dessus du lavabo il s'adossa à la porte.

S'il ne faisait rien, une douleur lancinante allait le tenailler pendant un moment. Comme il n'entendait pas Marcus arriver, et qu'aucun bruit ne semblait annoncer sa venue, il ferma les yeux et s'adonna à un plaisir solitaire. Des images de Marcus nu lui revenaient en tête. Adrian gémissait à nouveau, ses pensées réalisaient tous ces fantasmes. Sa main serrait et caressait à la fois. Il aurait aimé que Marcus fasse la même chose qu'il lui avait fait tout à l'heure. Adrian jouit en imaginant la bouche et la langue de Marcus sur lui.

Après quelques instants et un brin de toilette, il revint vers son amant. Bien que l'excitation était presque retombée totalement, son caleçon formait une bosse. Heureusement, Marcus avait le dos tourné. Adrian se recoucha auprès de lui, et vint l'embrasser dans le cou. Il lui pardonnait son manque d'attention envers lui, il devait être trop troublé pour penser à autre chose que de se blottir dans les bras de son aimé. Pourtant, Adrian crut qu'il s'était endormi car sa respiration était très lente, et ses yeux étaient clos.

En vérité, plus que l'égoïsme, c'étaient la honte et l'incompréhension qui avaient poussé Marcus à se réfugier contre Adrian sans penser un seul instant que son amant, lui, était toujours dans le même état. Trop occupé à essayer de trouver des explications et des réponses (au point de s'en donner des maux de tête), il ne remarqua même pas que l'homme bandait toujours. Alors que la chose était plus qu'évidente!
Et c'est pourquoi il fut tellement surpris d'être repoussé. Avant même que l'adolescent aie véritablement compris la situation, le psychiatre avait déjà disparu hors de la chambre. Tremblant légèrement, il passa une main dans ses cheveux, réfléchissant à toute vitesse. Jusqu'à ce qu'il se rende compte d'à quel point il s'était comporté odieusement, sans même le vouloir. Se mordant la lèvre inférieure pour réprimer un sanglot qui lui comprimait déjà la gorge, le jeune homme lissa un peu les draps et se rallongea, serrant entre ses doigts un bout de couette. Fermant les yeux, il s'obligea à prendre une respiration lente, proche de celle du sommeil, sachant bien que s'il se laissait aller à respirer comme il en avait besoin il ne tarderait pas à fondre en larmes.

Sentant le matelas s'affaisser, Marcus en conclut que son amant devait être de retour. Serrant les dents, il se prépara à se faire secouer, insulter et autres joyeusetés de ce genre. Mais rien ne vint. Juste un baiser déposé dans son cou. Troublé, l'adolescent pensa un instant à se blottir contre l'homme qu'il aimait avant de rejeter cette idée. Toute personne normale en voudrait à son conjoint, dans la même situation. Donc Adrian devait lui en vouloir. Aussi choisit-il de faire un compromis : il ne bougea pas, mais ouvrit les yeux et prononça quelques mots.

-Je suis désolé... Je ne me suis même pas rendu compte à quel point j'ai été égoïste...

Puis, un ton plus bas :

-Je dois être l'amant le plus pitoyable, même pour un puceau...

- Egoïste ? Pitoyable ? Non ! Tu te trompes Marcus. Je voulais que tu ais du plaisir, je ne regrette pas ce qu'il s'est passé. Tu le regrettes, toi ? Dis-moi franchement...

Sa question restant en suspens, Adrian douta de l'état de pensée du jeune homme : peut-être qu'il regrettait en effet. La gorge du psychiatre se serra, et une vrille de douleur vint lui traverser le coeur. Avait-il forcé Marcus à faire l'amour avec lui ? Pire encore, l'avait-il violé ? Une douleur plus forte, plus insupportable encore. Si c'était le cas, s'il avait fait mal -de quelques manières que ce soit- à Marcus, il ne se le pardonnerait jamais. Marcus était l'être qu'il aimait le plus au monde. Avait-il était aveugle ? Avait-il cru que le jeune homme l'aimait et voulait faire l'amour avec lui, alors que ce n'était que son esprit pervers qui l'avait guidé ? Lui, le psychiatre, le médecin, l'homme, avait-il commis l'impardonnable ? Trop insupportable pour se taire encore.

- Marcus, ne me mens pas. Ai-je profité de toi ?

Assez peu sûr de sa réponse, Marcus se mordilla les lèvres pendant quelques instants, jouant avec son percing. Disons qu'il n'avait pas de véritables regrets, mais qu'il aurait préféré que cela se passe différemment. Se recoiffant nerveusement, il songea qu'il ne pouvait pas dire ça à Adrian. Le pauvre dramatiserait la situation et aurait des regrets jusqu'à la fin de ses jours en croyant lui avoir fait du mal.

-N... Non... Biensûr que non...

Souffla l'adolescent, la voix moins assurée que ce qu'il aurait voulu. Il fallait qu'il réfléchisse à comment il lui en parlerait. Parce qu'il ne pouvait pas non plus affirmer qu'il avait apprécié (ce qui, sur le plan physique, était néanmoins le cas) alors qu'il était mort de honte. Pourquoi étais-ce si compliqué? Poussant un soupir, l'adolescent s'apprêtait à prendre la parole quand la question du psychiatre tomba comme un coup de massue. Clignant des yeux, le jeune homme resta un instant sans comprendre, avant de prendre la parole, visiblement mécontent.

-Tu me crois assez con que pour me laisser violer sans rien dire?! Non, tu n'as pas profité de moi! J'en crevais d'envie! Même si j'étais mort de honte après! Si j'avais pas voulu, crois-moi, je ne serais même pas ici!

- Excuse-moi... Excuse-moi Marcus. Puis après un instant de réflexion. Nous n'avons pas à avoir honte de ce que nous avons fait. On s'aime, non ? On s'aime et on s'est fait du bien.

Adrian ne savait pas si ses mots sonnés juste, mais en tout cas il le pensait. Il prit Marcus tout contre lui, et l'embrassa dans le cou. Il n'avait plus qu'une envie dormir, dormir contre son amant, contre Marcus.

- Dormons maintenant. Demain est un autre jour, nous verrons ce que nous ferons ! Bonne nuit, Marcus.

Il tira un peu plus la couverture sur eux, et ferma les yeux. Il sentait son coeur battre, battre doucement, mais il l'entendait battre. Il était amoureux. Il était heureux. Il chuchota, puis se tut.

- Je t'aime Marcus.

-Je t'aime aussi, Adrian...

Souffla Marcus, fermant les yeux, avant de s'endormir, blottit contre le corps chaud et doux de son amant. Il ne se réveilla pas une seule fois de toute la nuit, bougeant à peine. Au matin, il se réveilla à cause de l'éclaircissement de la pièce. Ouvrant les yeux, il s'étira avant de bâiller un peu. Se remettant contre Adrian, il posa un baiser sur sa joue, caressant un peu ses cheveux.

-Bonjour chéri... Bien dormi?

Marmonna l'adolescent, encore à moitié endormi. Se pelotonnant contre l'homme, il poussa un soupir de contentement en remontant un peu la couverture sur son épaule. Il adorait trainailler au lit, bien au chaud.

-Tu travailles, aujourd'hui?

Encore légèrement embrumé de sommeil, Adrian remua sous les caresses de son ami. Il avait bien dormi, mais une étrange impression l'envahit : il se souvenait de ce qu'ils avaient fait hier. N'en laissant rien paraître, il répondit :

- Bien. J'ai très bien dormi ! S'arrêtant un instant pour l'embrasser, il reprit : J'ai un rendez-vous. Avec toi.

Il espérait simplement que Marcus accepterait ce rendez-vous imprévu. Maintenant qu'ils avaient ce lien, plus fort que celui qui devrait être entre un médecin et son patient, Marcus ne voudrait peut-être plus de lui comme psychiatre.

-Rendez-vous 'vec moi?

Fit Marcus, vaguement intrigué. Il aurait cru que Adrian déciderait qu'il valait mieux le confier à un autre. Au fond, il préférait que ça soie comme ça. Il ne se voyait pas raconter sa vie et tout le reste à quelqu'un d'inconnu. Déjà que pour parler à Adrian, il avait dû prendre sur lui, alors pour recommencer depuis le début... Remontant un peu la couverture sur son épaule, il se frotta les yeux, soupirant. Il avait intérêt à se lever, alors...

-Tu permets que j'aille dans ma chambre, alors? Histoire de me changer avant d'aller voir mon psy préféré!

Fit le jeune homme, avec un grand sourire, bien qu'on voie clairement qu'il était encore à moitié endormi.

» Un petit tour
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